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bande dessinee francaise

Zaï Zaï Zaï Zaï un road movie de FABCARO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

C'est une course absurde qui s'engage dés les premières pages : le fuyard, auteur de BD, a commis l'erreur impardonnable d'oublier sa carte de fidélité du magasin, il doit être appréhendé pour ne pas avoir respecter les règles de la société de consommation, mais il décide de prendre la tangente...

A travers ce scénario improbable, Fabcaro dresse un portrait décalé de notre société, cette fuite devenant le prétexte à pointer du doigt certains dysfonctionnements de notre système.

« Zaï zaï zaï zaï est un projet difficile à résumer, très burlesque, proche du nonsense britannique. Il s'agit de l'histoire d'un auteur de BD qui fait ses courses, mais n'a pas sa carte de fidélité du magasin. Pour cela, il va être poursuivi, mis au ban de la société... Là, on le voit aux prises avec un vigile. Il le menace avec un poireau et s'enfuit. C'est une scène d'action ridicule, complètement cheap. Cela me fait rire... Je souhaitais trouver le point de départ le plus absurde possible, pour créer un décalage constant avec mon vrai propos. Car ce livre est le plus politique parmi ceux que j'ai publiés jusqu'à présent ! J'y parle indirectement beaucoup de tolérance, d'acceptation de l'autre. J'ai choisi de mettre en scène un auteur de BD, ce qui m'a permis d'utiliser mes propres traits, et de souligner la précarité grandissante de ce statut. »

Tout passe au tamis de son point de vue décalé, que ce soit les médias comme avec ce témoignage des voisins dirigé par des questions orientées :

"Diriez-vous que c'est la stupeur ?

- Oh oui, ici, c'est la stupeur

- Diriez-vous que vous sentez un climat d'insécurité croissant ?

- Oh oui, on sent un climat d'insécurité croissant.

- Une forme de ras-le-bol... Aussi j'imagine ?

- Oh oui, une forme de ras-le-bol...

- Perdu, j'avais pas dit "diriez-vous"

- Ah ah l'enculé."

Le système ridicule de consommation qui mène à l'absurde en prend aussi pour son compte :

Le récit est également émaillé de réflexions toute philosophiques : "Au revoir Sophie. C'est fou comme la vie est un long chemin d'où partent plusieurs petits chemins et suivant les chemins qu'on prend,on va ailleurs que là où on serait allé si on avait pris l'autre chemin tu trouves pas ?"

Ses personnages variés représentent tous les êtres que l'on peut rencontrer, avec leurs contradictions, leur folie, leur absurdité. Dans ces pages on croise un conducteur individualiste, des intervieweurs aux postures très travaillées mais aux propos vides de sens, des personnes qui utilisent des citations de grand-mère "les pierres n'ont pas toujours la même ombre" que personne ne comprend, un fuyard idéaliste, un groupe de gospel sorti de nulle part, des adolescentes excessives...

Bref, c'est une joyeuse débandade que cet album jubilatoire à lire de toute urgence !

 

Présentation de l'éditeur : 6 pieds sous terre

D'autres avis : Babélio

 

Cette BD a reçu de nombreux prix :

Coup de coeur du jury du prix Landerneau 2015

Prix Libr'à nous 2016 (BD adlute)

Grand prix de la critique ABCD 2016

Prix SNCF du polar BD 2016

Prix des libraires de BD 2016

 

Zaï, Zaï, ZaÏ, FABCARO, Six pieds sous terre, mai 2015, 13 euros

 

La BD de la semaine est chez Stephie !

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Watertown de Jean-Claude GOTTING

Publié le par Hélène

♥ ♥

Le narrateur  Philip Writing est un être pétri d'habitude : tous les matins, il achète un muffin sur le chemin du bureau en s'arrêtant à la pâtisserie de Monsieur Clarke. Il est servi par la belle Maggie Laeger qui ce lundi-là prend congé de lui en lui disant « Non... Demain je ne serai plus là. ». Effectivement, le lendemain, non seulement la jeune femme a disparu, mais, de plus, Monsieur Clarke est mort, écrasé par une étagère. Philip est intrigué par cette mort soudaine concomitante à la disparition de la jeune femme.

Deux ans plus tard il croit apercevoir Maggie dans un magasin d'antiquités à Stocbridge, et découvre qu'elle a pris un nouveau nom. La jeune femme feint de ne pas le reconnaitre. Cet homme de bureau impassible trouve alors un sens à sa vie : il s'improvise détective et sa quête de la vérité devient rapidement obsessionnelle.

Les teintes en trichromie gris, blanc, noir et jaune sont en parfaite adéquation avec la vie grisâtre de Philip, qui voit soudain l'occasion de courir après quelque chose de ténu. Sa quête résonne davantage comme une lutte contre l'ennui que comme une lutte pour la vérité... Il s'embourbe dans son enquête, interrogeant des personnes qui ne comprennent pas son intérêt soudain pour de vieilles intrigues, il se brouille avec son frère et sa belle-soeur également et fait le vide autour de lui.

Ce que j'ai moins aimé : Le ton lancinant a fini par imbiber mon esprit de cette noirceur mélancolique. L'ennui a pointé son nez et la fin n'a en rien réveillé mon intérêt.

 

Présentation de l'éditeur : Casterman

D'autres avis : Babélio  ; France Inter  ; Violette ; Laure

 

BD sélectionnée pour Le prix SNCF du POLAR 2017

 

La BD de la semaine chez Moka cette semaine !

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L'été Diabolik de Thierry SMOLDEREN et Alexandre CLERISSE

Publié le par Hélène

"Car le véritable démon loge dans le coeur des hommes, pas dans les bureaux du KGB"

L'été 67, un innocent match de tennis fait basculer la vie de Antoine, 15 ans. En effet, sa victoire entrainera des rencontres décisives pour la vie future de son père et la sienne. Et pourtant, cet été semblait se placer sous le signe des nouvelles amours et amitiés, mais une atmosphère étrange et macabre s'installe finalement peu à peu, transformant irrémédiablement l'été et la jeunesse du pauvre Antoine . Le jeune homme mettra vingt ans à comprendre ce qui s'est joué cet été-là. Les masques tomberont les uns après les autres, balayant les illusions adolescentes.

L'été Diabolik est un hommage aux revues BD qui sortaient dans les kiosques et ont nourri toute une génération d'adolescents. En effet, Diabolik était une publication de série noire dessinée créée en 1962 par Angela et Luciana Giussani, une BD italienne à l'atmosphère mystérieuse et érotique, propre à séduire les adolescents...

Ce que j'ai moins aimé : Les dessins très vifs censés rappeler les comics ne me parlent malheureusement pas...

Bilan : Mêlant subtilement une intrigue haletante, mystérieuse et une belle réflexion sur l'adolescence, cet été Diabolik marquera les esprits sensibles aux comics colorés ...

 

Présentation de l'éditeur : Dargaud 

D'autres avis : Télérama ; Babélio

 

L'été Diabolik, Thierry Smolderen et Alexandre Clerisse, Dargaud, 168p., 21 euros

Public : Ado-adulte - à partir de 12 ans
 

Bande dessinée qui fait partie de la sélection polar du Prix SNCF du POLAR et aussi du Prix Fnac BD

 

Bd de la semaine chez Moka

 

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Chaos debout à Kinshasa de Thierry BELLEFROID et Barly BARUTI

Publié le par Hélène

♥ ♥

A Kinshasa en 1974 se prépare le combat du siècle qui opposera Mohammed Ali et George Foreman. Mohammed Ali est bien décidé à gagner après trois défaites consécutives, quand Foreman de son côté se fait attendre. Ernest, petit malfrat d'Harlem gagne par miracle un voyage au Zaïre pour assister au match. Il pense renouer avec ses racines, mais c'est un Zaïre bien différent de celui qu'il avait fantasmé qu'il découvre, un Zaïre en pleine guerre froide, mené d'un main de fer par le président dictateur Mobutu qui traîne dans son ombre des politiciens corrompus, prêts à tout pour rendre son faste au pays émancipé des colons belges. Ernest croisera aussi la route de Blanche, femme fatale qui use de ses charmes et dont le frère est emprisonné par le régime.

La démesure des deux poids lourds africains, Ali et Mobutu transparaît dans chaque scène. Mohammed Ali doit redorer son image ternie parce qu'il a refusé de combattre au Viet-Nam et qu'il s'est converti à l'islam, il veut prouver qu'il reste un africain pur sang prêt à en découdre. Mobutu  veut faire régner l'ordre dans son pays et les bas-fonds de Kinshasa dans lesquels nous entraîne notamment la belle Blanche résonnent des cris des opposants, torturés et tués par la sécurité... Autour de ces deux êtres emblématiques gravitent des personnages aux motivations relativement sombres. Les clichés des uns et des autres risquent de voler en éclats...

Les dessins graphiques rendent hommage à une Afrique colorée, bigarrée, aux destins chavirant...

Ce que j'ai moins aimé :

L'album mélange les intrigues secondaires, les personnages, les époques, si bien que les repères sont difficiles à trouver au premier abord, d'autant plus si on ne bénéficie pas de quelques pré-requis sur la politique africaine de l'époque...

Bilan : L'alliance subtile entre faits historiques et fiction éclaire néanmoins l'histoire du Congo belge par le biais de personnages emblématiques au destin exceptionnel. Des pages finales,  "les coulisses" de l'album séparent fiction et réalité et apporte un point de vue documentaire sur cet épisode de l'Histoire, épisode passé, "mais qui, le Zaïre-Congo étant ce qu'il est - la terre de tous les extrêmes où le réel est souvent plus fort que la fiction -, pourrait encore voir le jour aujourd'hui ou demain..." (Préface de Colette Braeckman)

 

Présentation de l'éditeur : Glénat 

 

Cette bande dessinée est en lice pour le Prix SNCF du POLAR catégorie BD. J'en parle ICI. 

 

Chaos debout à Kinshasa, Thierry Bellefroid et Barly Baruti, Glénat, février 2016, 112 p., 22 euros. 

 

Bd de la semaine chez Noukette cette semaine. 

 

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Sur les ailes du monde, Audubon de Fabien GROLLEAU et Jérémie ROYER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Jean-Jacques Audubon est un ornithologue, naturaliste et peintre français naturalisé américain. Aventurier passionné et entier, il est considéré comme le premier ornithologue du nouveau monde. Il s'engage en effet en 1810 pour son premier voyage d'exploration dans le but fou de découvrir et peindre tous les oiseaux du continent américain. Il est prêt à quitter sa famille pour plusieurs mois ou années pour observer et peindre ces oiseaux dans leur milieu naturel. Ironiquement, les scientifiques américains reprochaient à ses planches leur côté trop vivant, qui contrastait avec les dessins plus rigides de Alexander Wilson, son concurrent direct. Audubon ne connut le succés qu'à la fin de sa vie, en Angleterre, où l'on publia son oeuvre. Très connu aux Etats-Unis également, il reste méconnu en France. Il reste aujourd'hui environ 200 exemplaires de son livre, le plus cher au monde. 

Le scénario de Fabien Grolleau met en scène les aventures romancées de cet homme atypique qui n'hésitait pas à tuer les oiseaux pour mieux les peindre. Il nous montre à voir aussi la fin d'un monde, la fin d'une Amérique vivant en harmonie avec la nature, jusqu'à l'arrivée des colons.

 

Les dessins magnifiques de Jérémie Royer rendent hommage à cet homme talentueux au projet fou ! Ils nous invitent dans une nature préservée, peuplée d'êtres fascinants planant librement au-dessus des paysages sauvages. Un monde comme en suspens.

 

Présentation de l"éditeur : Dargaud 

D'autres avis : Babélio  ; Télérama  ; Librairie Initiales 

 

Bd de la semaine chez Moka cette semaine 

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L'île au trésor adapté par François CORTEGGIANI et Michel FAURE

Publié le par Hélène

Mon avis : 

Un bilan négatif pour cette adaptation du célèbre roman de Stevenson. L'histoire est condensée, ce qui est nécessaire bien sûr dans une adaptation en bande dessinée, mais certains sauts temporels provoquent des difficultés de compréhension assez désagréables. On ne comprend pas bien cette histoire de marque noire par exemple, ou encore le retournement de John Silver. Les morts sont expédiés ad patres en une bulle et oubliés la bulle suivante. Tout semble haché, manquant de cohérence et de fluidité. 

De plus, détail non négligeable, les dessins sont assez violents, induisant le rendu d'une atmosphère brouillonne et très sombre.  Les effusions de sang sont monnaie courante

Cette adaptation est surtout axée plus sur le côté effrayant du monde des pirates, plus que sur l'aventure.

L'avis de Romain, 10 ans : ♥ ♥

(A noter que contrairement à moi, il venait de relire le roman)

La bande dessinée est moins bien que le roman parce qu'il y a moins de précisions.

Les dessins ne m'ont pas trop plu, ils étaient trop tristes. Je ne voyais pas les personnages comme ça, à part Jim, dans la BD ils sont très laids, je les voyais autrement.

 

Ce fut ma BD de la semaine, accueillie par Mo cette semaine !

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Le jardin de minuit de EDITH

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Rien ne reste figé si ce n'est dans notre mémoire."

Le jardin de minuit est un roman classique anglais de Philippa Pearce qui reçut en 1958 la médaille de Carnegie. Edith en propose ici une adaptation dans laquelle s'entrelacent étroitement réalité et imaginaire.

Tom Long est invité à passer les vacances d'été chez son oncle et sa tante pour éviter d'être contaminé par la rougeole de son frère. Il arrive dans l'immeuble où il loge persuadé que ses journées vont être interminables et que l'ennui sera son seul compagnon. Mais une nuit, alors que l'horloge du hall sonne treize coups, des évènements étranges se produisent : la petite porte du fond du hall ne donne plus sur une petite cour abandonnée, mais sur un gigantesque jardin fleuri. Tom s'y aventure et y rencontre la jeune Hatty, petite fille semblant tout droit sortie du siècle dernier. 

La jeune Hatty serait-elle un fantôme ? Tom interroge son oncle sur les espaces temporels sans parvenir réellement à expliquer ce phénomène étrange, cet espace temps ouvert pour lui sur des amusements sans fin avec la jeune fille aux habits de l'époque victorienne... Il se laisse bercer par les plaisirs de l'enfance, attendre quelqu'un pour jouer, désirer l'endroit où l'on peut s'amuser et passer des heures entières à s'enivrer de cette connivence placée sous le sceau de l'imaginaire et de la surprise. 

Alors peut-être finalement sommes nous tous les fantômes de quelqu'un du moment que ce quelqu'un se souvient de nous...

Cet album aux accents merveilleux chante l'imaginaire sans fin de l'enfance, cet univers et ces décors qui nous influencent et font de nous ce que nous sommes : "les couleurs, les matières, les odeurs, les sons aimés sont des empreintes de nos enfances." Temps de l'enfance comme suspendu entre réalité et mémoire, il est fait de ces heures uniques comme irréelles parce que situées dans un présent éclatant d'innocence et de bonheur... 

 

Présentation de l'éditeur : Soleil Prod 

D'autres avis : Babelio  ; Jérôme ; Noukette ; Mo' ; Jacques

 

Le jardin de minuit, Edith, Soleil prod, 2015, 17.95 euros

 

Lu avec la BD du mercredi accueillie aujourd'hui par Stephie

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Les beaux étés de ZIDROU et Jordi LAFEBRE

Publié le par Hélène

 

♥ ♥ ♥ ♥

"Avant, on habitait en Belgique. Maintenant on habite en vacances !"

Le premier tome se déroule en août 1973. La  famille Faldérault part en vacances,  "Cap au Sud" une fois que le père aura rendu ses planches de Bd. Et c'est parti pour un voyage enchanté avec les chansons traditionnelles, le pique nique en chemin et son lieu attitré, les taquineries des frères et des soeurs, et surrtout, l'insouciance de ces jours suspendus ... 

En chemin, ils plantent leur tente dans le jardin d'un charmant couple trop heureux de cette visite impromptue qui leur promet des apéros épicuriens : "Les enfants, c'est le meilleur de la vie ! Les enfants... et le rosé bien frais !"

Car oui, c'est le bonheur que chante ces albums, un bonheur fragile, souvent caché dans les détails et dans les liens ténus qui relient les êtres mais un bonheur qui éclate, pur, pendant ce mois de vacances loin des aléas du quotidien. Alors peut-être que le couple bat de l'aile, que la tante est gravement malade, que le travail est difficile, mais ce qui importe avant tout, c'est de vibrer, et de retrouver l'insouciance de l'enfance et des vacances... 

"Je suis fatiguée, Tchouki, fatiguée d'attendre qu'arrive enfin la vie dont Pierre et moi rêvions quad nous avions 20 ans. Ma mère me disait toujours "à 20 ans on rêve sa vie, à 40 on l'assume." Mais moi, j'en ai marre d'assumer ! Je veux ! ... Je veux ! ... En fait je ne sais pas ce que je veux, je sais seulement que je n'ai pas envie de finir comme elle, sèche et amère."

Le deuxième tome remonte le temps, il se déroule en 1969 et relate cette fois-ci un séjour dans les calanques, avec toujours beaucoup de tendresse, de joie de vivre et de justesse dans ces planches qui fleurent bon les vacances. 

"Te raconter ? Te raconter quoi, papa ? Le bonheur ça ne se raconte pas !"

 

Présentation de l'éditeur : Dargaud 

D'autres avis : découvert chez Noukette et Jérôme ; Violette ; Moka

Bd de la semaine chez Noukette 

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L'île Louvre de Florent CHAVOUET

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Quel plaisir de retrouver l'inventivité de Florent Chavouet, ses dessins denses, ce sens du détail qui nous enjoint à regarder le monde d'un oeil plus vif !

Dans une coédition avec les éditions du Louvre, Futuropolis propose à des auteurs de livrer leur propre ressenti sur ce lieu mythique. Avant Florent Chavouet, ce sont livrés à l'exercice Jirô Taniguchi,  Enki Bilal, Etienne Davodeau, David Prudhomme, Christian Durieux, et Loo Hui Phang avec Philippe Dupuy. Florent Chavouet imagine que le musée du Louvre est devenu une île et c'est vers un autre monde insulaire que l'auteur se dirige pour passer quelques temps en observation auprès des habitants de l'île (gardiens, personnel du ménage..) et des visiteurs. 

Les gardiens du temple échangent avec bonheur autour de ce lieu de travail si particulier, avouant répondre souvent aux mêmes questions : "Où se trouve La Joconde / la Vénus de Milo / la Victoire de Samothrace / les toilettes ?" Détail incongru, on apprend aussi que les objets les pus volés du musée sont les doigts des statues... 

Pour nourrir ses pages, l'auteur se laisse surtout porter par la magie du lieu et par les discussions des visiteurs, une source d'inspiration sans fin...

"Ah voilà enfin les petits tableaux, je préfère, c'est moins prétentieux."

"Et par rapport à Orsay tu trouves ça comment ?

Oh c'est pareil mais c'est pas les mêmes peintures."

"Tu vois c'est Jacques Louis David pas Jean Louis David"

Les couples sans langue de bois constituent une cible de choix pour le dessinateur, comme cet homme qui dit à sa femme "Attends mets toi à côté des cruches je vais te prendre en photo."

 

Au centre de la bande dessinée, une vue panoramique du musée se déplie, élément ludique qui rappelle les plans immenses fournis dans les musées, clin d'oeil qui nous plonge encore davantage dans le plaisir de la visite !

C'est donc un pari réussi pour Florent Chavouet qui a su rendre un bel hommage au musée, principalement par le biais de ceux par qui vit l'art : les visiteurs, qu'ils soient esthètes ou amateurs.

Une réussite ! 

 

Présentation de l'éditeur : Futuropolis  ; Editions du Louvre 

D'autres avis : Mo ; Leiloona, Jérôme  France inter 

Du même auteur  Manabéshima Petites coupures à Shioguni 

Sur le même sujet :  Le chien qui louche ; La traversée du Louvre , Les gardiens du Louvre

Blog de l'auteurhttp://florentchavouet.blogspot.fr/

 

L'île Louvre, Florent Chavouet, Futuropolis, novembre 2015, 96 p., 20 euros

 

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Va'a, Une saison aux Tuamotu de Benjamin FLAO et TROUBS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Le mythe de la Vahiné a vécu. Personne n'est épargné. Heureusement le temps n'a pas de prise sur la poésie, et tant qu'il y aura des tiarés aux arbres, les filles des îles continueront à les piquer dans leurs beaux cheveux noirs."

L'archipel des Tuamotu est un ensemble de 78 îles ou atolls situés en plein coeur de l'Océan Pacifique, à l'est de Tahiti. En 2014, Julien Girardot et Ato Lissant se mettent en tête de réaliser un rêve commun : celui du retour de la pirogue à voile, la Va'a Motu (littéralement "pirogue des îles"), dans la vie quotidienne des Paumotu. Depuis un demi siècle ces embarcations ont en effet disparu au profit du moteur et de l'essence. Benjamin et Troub's décident de suivre ce projet fou et de fabriquer eux aussi une pirogue à voile...

Les deux hommes partent alors à la rencontre des anciens autochtones, détenteurs du savoir ancestral des pirogues. Ces hommes emplis de sagesse leur racontent leur île et ses mutations. Car le monde a changé sur l'île depuis l'argent du nucléaire en 65, arrivé grâce à la manne financière du Programme Nucléaire Français. Des centaines de nouveaux emplois furent créés pour pouvoir effectuer une série d'essais militaires sur l'atoll de Mururoa entre 1966 et 1996. Les moeurs évoluent. Les gens partent, les enfants ne naissent plus sur l'île, maintenant les autochtones dépendent de Tahiti et ne parviennent plus à produire leurs propres ressources comme le faisaient leurs ancêtres. Malgré tout, la poésie infinie de ces espaces merveilleux perdure :

"Matariva ressemble à un luxueux radeau de sable, de corail et d'arbres. Tout bouge autour. Sans cesse. Tout semble vibrer à l'énergie du courant. Le soleil et l'eau allument des bleus impossibles, turquoise violent et émeraude aveuglants et tout bascule en un clin d'oeil. Le vent incessant nettoie tout. Peindre, manger, dormir, fumer, nettoyer la couteraie, pêhcer lorsqu'on a faim ou ne rien foutre pendant des heures. Comme ce clebs vautré sur le sable. Heureux de son sort. Fermer son clapet comme une vache, un arbre ou un caillou. Passent les jours. Ce soir nous partons aux langoustes. "

Les deux comparses se glissent dans le rythme de cette île millénaire, pêchant des langoustines, naviguant, et rendant un vibrant aux habitants de ces îles paradisiaques. Ils se laissent bercer par le vide du temps qui passe, par les vagues et le vent qui chantent, tendent l'oreille à la parole des anciens, admirent les formes des nuages, et regardent tomber les noix de coco...

A leur manière, dans cet album magnifique, ils rendent hommage à un peuple qui s'éteint doucement, attiré par les sirènes de la civilisation...

 

Présentation de l'éditeur : Futuropolis 

Vous aimerez aussi : Le site de Julien Girardot,

 

Va'a, une saison aux Tuamotu, Troub's et Flao, Futuropolis, 2014, 160 p., 22 euros

 

Ma bd du mercredi chez Noukette 

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