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litterature amerique du nord

Incident à Twenty-Mile de TREVANIAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

En 1898, le jeune Matthew débarque à Twenty Mile, au coeur des montagnes du Wyoming. Cette petite bourgade périclite doucement, seuls quinze habitants restent présents et le travail se fait rare, c'est une "communauté de finis et de jamais commencés. De ratés, d'incasables. Tous."

Mais Matthew persévère et essaie de creuser sa place. Quand trois criminels dangereux échappés de prison et décidés à faire main basse sur l'argent de la mine d'argent qui surplombe la ville, arrivent dans la ville, les habitants sont rapidement pris au piège. Matthew aura alors son rôle à jouer...

Comme un dernier western, l'atmosphère est crépusculaire, les personnages évoluent dans un monde décadent, et s'annonce à l'horizon la fin d'un monde dans lequel la dignité et le respect était de règle. Les hommes sont contraints de se réfugier en eux mêmes pour survivre. Le fin du siècle résonne avec la fin d'une époque, "la fin d'un rêve qui définissait, mais aussi limitait les hommes américains..."

Remarquable de maitrise, ce roman dépasse les codes du western pour aborder des questions plus contemporaines comme le patriotisme ou le racisme rampant dans l'ombre. Du grand art !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : L'été de Katya ♥ ♥ ♥ 

 

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Ces montagnes à jamais de Joe WILKINS

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Alors que sa cousine est arrêtée pour détention de drogue, le jeune Wendell, 24 ans, se trouve à s'occuper de son jeune fils Rowdy, étant son plus proche parent. L'enfant ne parle pas et reste assez sauvage, et Wendell doit adapter son quotidien à son arrivée. Gillian est enseignante et assistante du principal de Colter élevant seule sa fille, Maddy, depuis le décès de son mari. Les destins de ces deux solitudes se sont déjà croisés et sont amenés à nouveau à se frôler...

Les personnages sont confrontés au cercle vicieux qui entraine les hommes : la pauvreté, le manque d'instruction, le fondamentalisme religieux, les idées politiques extrêmes, la dureté de la nature, tout concourt à mener les êtres vers la violence. Dans un monde qui se désagrège en 2008 sous Obama, le conflit ouvert entre les organisations fédérales de protection de l'environnement et les milices séparatistes du Montana pro-armes et pro-chasse hante les paysages paradisiaques du Montana. Chacun tente de survivre, de transmettre ses valeurs aux générations suivantes, de croire encore en l'amour, en la filiation.

"J'ai encore beaucoup de choses à dire. Personne ne me l'a demandé, mais je le sens en moi. Maddy m'aurait écouté. Rowdy aussi. Et laissez-moi vous dire que j'aurais écouté, moi aussi. Quoi qu'ils aient eu à dire, j'aurais écouté. Chacun de leurs mots. Je leur souhaite ça et beaucoup d'autres choses. Quelqu'un qui écoute. Oui, bon sang, je le leur souhaite."

L'intrigue intense monte crescendo jusqu'au final détonant !

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

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La montagne secrète de Gabrielle ROY

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Sa vie avait-elle d'autres buts que d'arracher un murmure en passant au vide effarant, à l'effarante solitude qu'il traversait ?" p 22

Gabrielle Roy raconte l'aventure d'un peintre - trappeur du nom de Pierre Cadorai qui se rend dans le Grand Nord canadien, puis à Paris et en Provence. La nature le prend à la gorge, il tente de restituer ses expériences sur les toiles, mais perd quelques unes de ces créations lors de ses errances. Il se laisse porter par ses rencontres de hasard, avec toujours au coeur cette recherche incessante du sens de son art et de sa propre vie.

Gabrielle Roy s'inspire en partie de la vie de René Richard, son ami et voisin de Charlevoix, et en partie de ses propres souvenirs, traçant le chemin de Pierre à partir de sa propre expérience en tant qu'artiste.  Elle s'interroge ainsi sur la quête artistique qui animent ces êtres insatiables.

@galerieDoucePassion

Porté par une écriture lumineuse, l'autrice rend hommage à ces êtres épris d'absolu, sans cesse en mouvement et qui n'ont de cesse de s'accomplir dans leur art.

Présentation de l'éditeur : Editions Boréal

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Conte d'automne de Julia GLASS

Publié le par Hélène

♥ ♥

Percy Darling est veuf depuis peu et il regrette sa femme Poppy. Il vit en reclus dans sa maison d'un quartier cossu en Nouvelle Angleterre. Il prend plaisir aux visites de son petit fils Robert. Néanmoins son quotidien va être bouleversé par l'installation d'une école primaire dans sa grange sous l'impulsion de sa fille récemment divorcée. Peu à peu Percy s'ouvre au monde extérieur, il fait la connaissance de Sarah mère adoptive d'un enfant scolarisé dans l'école, mais aussi de Ira instituteur homosexuel ou encore de Célestino jardinier guatémaltèque.

Ce que j'ai aimé :

Certes le livre est incarné par des personnages qui semblent vivants et il est sensible sur des sujets actuels.

Ce que j'ai moins aimé :

Mais je n'ai pas réussi à vraiment m'intéresser au sort de ces personnages, peut-être parce qu'ils sont trop nombreux...

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Du même auteur : Jours de juin

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L'invitée de Emma CLINE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Alex passe son été à Long Island chez Simon, mais un faux pas suffit à la rendre indésirable. Simon lui paie son billet retour pour New-York, sauf que Alex ne désire nullement rentrer sur New York, indésirable là-bas aussi. Aussi décide-t-elle de rester au bord de la mer, dans l'optique de se présenter à la fête du Labor Day organisée par Simon quelques jours plus tard. En attendant, elle se greffe sur diverses rencontres, errant de maison en appartement, de relation chaotique en relation toxique, invitée rapidement bannie... 

Le rythme très lent, lancinant frôle presque autant l'ennui que cette jeune fille qui tue le temps, désœuvrée, sans réel projet, fuyant un homme qu'elle semble avoir volé, nouant des relations improbables sans lendemains, parasite désirée puis indésirable. Ses rencontres sont prétexte à dresser un portrait sans compromission de ces milieux huppés troubles et d'une grande vacuité sentimentale et intellectuelle.

Cette jeune femme floue, caméléon capable de se lover dans n'importe quel groupe, court après une identité factice ternie par les milieux qu'elle fréquente. L'autrice tant admiré pour ses portraits au vitriol dans The girls offre encore ici un beau portrait de femme.

Présentation de l'éditeur : Editions la table ronde

De la même autrice : The girls ♥ ♥ ♥ ♥ ; Los Angelés ♥ ♥ ♥ (Nouvelle) ; Harvey ♥ ♥

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Rencontre Babélio avec Michel Jean

Publié le par Hélène

J'ai pu assister hier soir à une rencontre organisée par Babélio et animée par Pierre Krause autour du dernier roman de Michel Jean Tiohtiá:ke, roman qui met en scène des autochtones réfugié à Montréal.

Michel Jean est un journaliste, chef d'antenne et écrivain québecois. Sa grand-mère était autochtone et son grand père considéré comme blanc. Quand ils se sont mariés, ils ont dû quitter la réserve, ce que l'auteur considère à la fois comme un mal et un bien. Il a ressenti un manque inexorable éloigné de ses racines, un vide au creux de la poitrine, mais cela a permis aussi de les épargner puisqu'ils n'ont pas fait partie de ces autochtones envoyés au pensionnat.

Pourquoi situer l'action du livre à Montréal, est-ce une ville qui vous inspire ?

Je ne suis pas tellement inspiré par cette ville, je l'aime, entendons-nous, c'est une ville à l'activité foisonnante, multiculturelle, où il fait bon vivre. Mais c'est surtout l'aspect autochtone de Montréal qui m'intéressait. Je voulais décrire une situation que je voyais, alors que les gens qui vivent ici voient aussi ces autochtones mais ne comprennent pas forcément la situation. Malgré leur nombre, les québecois ont tendance à ignorer ou juger les autochtones, je voulais mettre en valeur ce peuple et comment ils sont devenus des itinérants quand ils sont partis des pensionnats ou ont quitté leurs réserves. Ils se retrouvent entre eux à Montréal car c'est là qu'ils sont le plus nombreux et ils ont besoin de se regrouper.

A Montréal ils se rassemblent dans le square Cabot, point de rassemblement autour duquel s'articulent les foyers pour femmes, les centres pour trouver de la nourriture. Cela crée des tensions par contre avec les gens qui habitent à proximité.

Vos personnages s'inspirent -ils de personnages qui existent ?

J'aime personnellement aller à côté du square pour regarder les gens. Les deux jumelles existent effectivement. Elie est inspiré par un homme que j'ai connu Raymond Hervieux, itinérant. Si mes personnages s'inspirent de personnes réellement rencontrées, ils n'ont pas la même vie. Raymond est décédé peu de temps après la parution du livre et je redoutais un peu la réaction de sa famille à la lecture, mais ils ont été très heureux, ils m'écrivaient. C'est important aussi de comprendre que si les itinérants sont dans la rue ils ont aussi de vraies familles qui ne les oublient pas.

 

Etes-vous le seul journaliste à vous intéresser aux autochtones ?

Nous ne sommes pas très nombreux à nous y intéresser car malheureusement selon les rédactions, ce n'est pas un sujet qui intéresse les gens. C'est un préjugé, ce n'est pas raciste. Il y a quelques temps quatre pères de famille autochtones avaient disparu, ils ont eu droit à une journée de recherche et à aucun journaliste alors que quelques temps plus tard un père et son fils blancs ont aussi disparu et eux ont eu droit à un hélicoptère, une couverture presse et des recherches poussées. Il faut savoir qu'une étude a montré que si vous êtres noirs ou autochtones au Québec vous avez six ou sept fois plus de chances d'être interpelés par des policiers. c'est une réalité.

Dans le milieu littéraire, jamais aucun roman autochtone n'a eu de prix. Ils ont eu des prix en poésie, prix considéré comme le moins prestigieux mais ce sont des blancs qui ont eu les "gros" prix. Le milieu littéraire est moins ouvert qu'il ne le pense. Kukum a obtenu plusieurs prix mais en France, pas au Canada.

Cela ne fait pas longtemps qu'on écrit des livres sur les autochtones. C'est seulement en 2012 pour ma part que j'ai abordé le sujet avec Atuk. Mais ce roman n'a pas eu beaucoup de succès. Un seul autre roman existait à cette époque Kuessipan de Naomi Fontaine. J'ai écrit Maikan l'année d'après qui n'a pas connu non plus beaucoup de succès. Puis j'ai enchainé avec deux autres romans qui ne parlaient pas de ce sujet. En 2016 j'ai participé à un recueil de nouvelles sur le sujets qui a bien fonctionné, puis en 2019 Kukum, gros succès de bouche à oreilles. Cela prouve que les lecteurs évoluent plus vite, ont plus d'intérêt.

Aujourd'hui il existe d'autres auteurs. Il existe un salon des premières nations dont l'importance augmente tous les ans. C'est une littérature émergente et vivante.

Les journalistes et le milieu littéraire sont en retard par rapport aux lecteurs qui lisent les livres.

Pourquoi cette difficulté au Québec d'accepter la littérature autochtone ?
Les québecois cherchent leur identité et ont tendance à laisser de côté celle des autres. Il est plus difficile d'être une autochtone au Québec qu'au Canada. Quand on est québecois on grandit entouré d'un milieu anglophone. A l'école on dit que la France nous a abandonnés avec le traité de Paris. Le français est une langue menacée, au Québec on est entouré d'anglais. La seule langue officielle au Québec est le français, on ne reconnait pas les langues autochtones parlées depuis des milliers d'années. Si on parle du droit des autochtones, les québecois ont l'impression qu'on délégitime les québecois. En se défendant finalement, ils font du mal.

Est-ce que les jeunes autochtones sont tout de même optimistes aujourd’hui ?

Malheureusement dans notre histoire, il y a eu un effet d'entrainement, un cycle infernal. Chassé des réserves pour être placés dans ces pensionnats, les autochtones sont aujourd'hui des itinérants avec tous les risques que cela comporte : absence d'emplois, décrochage scolaire, drogue, alcool. Arrêter cette spirale c'est comme arrêter un train en marche. Les blessures sont intergénérationnelles. Aujourd'hui certains jeunes s'en sortent, mais ce sera long, une seule génération ne suffit pas. On dit qu'il faudra sept générations  pour revenir à la normale. Il faut comprendre que nous sommes une société post-apocalyptique, nous avons vécu la fin de notre monde, cela est difficile de se remettre de cela. J'ai voulu écrire un roman optimiste, Elie fait partie de ces jeunes qui se lancent dans les études, la littérature autochtone est souvent pessimiste, je voulait montrer que quelquefois, ça finit bien !

 

A lire en ces pages : Kukum; Atuk, elle et nous  ; Tiohtiá:ke

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Tiohtiá:ke de Michel JEAN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Elie Mestenapeo sort de prison après avoir purgé sa peine de dix ans suite au meurtre de son père alcoolique et violent. Ce jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, aurait été sujet à une crise de colère qui l'aurait poussé à ce meurtre. De fait, il a été banni de son clan et ne peut retourner vers les siens. Il échoue donc à Montréal, où il se lie avec les autochtones SDF. Il rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur de la ville, mais aussi Mafia Doc, un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire…

Michel Jean s'intéresse ici aux autochtones, perdus dans la grande ville de Montréal, silhouettes ignorées qui se trouvent un point de rassemblement, un havre de paix dans la tourmente de la ville. Certains comme Elie décident de briser le cercle infernal et de reprendre en mains leur destinée, quand d'autres sombrent inéluctablement dans l'alcool,  la drogue et la violence.

L'espoir finit par filtrer derrière les réalités plus dures, encouragé par la solidarité et l'humanité qui sauvent les hommes...

Du même auteur : Kukum; Atuk, elle et nous

Présentation de l'éditeur : Seuil

A lire, ma rencontre avec l'auteur ICI

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Céline de Peter HELLER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ 

Céline Watkins, 68 ans est artiste et détective privée spécialisée dans la recherche de personnes disparues. Elle est est contactée par Gabriela qui recherche son père disparu plusieurs années auparavant. Aux côtés de Pete son mari, Céline se lance sur ses traces jusque dans les grands parcs américains, là où le père a été aperçu la dernière fois.

Céline est un roman subtil, très doux, à l'image de ce couple d'enquêteurs atypiques. Ils arpentent les grands espaces américains, en harmonie avec le monde qui les entoure. Chacun s'interroge pour savoir comment avancer malgré les vicissitudes de la vie, en gardant en tête que le meilleur reste à venir, l'espoir tenant tête. Mais l'expérience des deux personnages féminins prouve aussi que la résilience est possible, la perte du père pour les deux femmes, si elle a laissé des stigmates, ne les empêchent pas d'être des femmes fortes, équilibrées et aimées.

Un très beau roman délicat !

Présentation de l'éditeur : Actes sud

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Les nouveaux héritiers de Kent WASCOM

Publié le par Hélène

Sauvé de l’orphelinat par une famille bourgeoise et aimante, Isaac devient artiste peintre. Il se consacre à son art sur la côte sauvage de Floride dont la luxuriance le fascine. Un jour de 1914, tandis qu’il navigue dans la baie voisine, il rencontre Kemper, une héritière rebelle à la famille étouffante dont il tombe immédiatement amoureux. Tous deux se construisent un refuge sur la côte du Golfe, loin des bruits du monde. Mais le bonheur est de courte durée : les drames qui déchirent la famille de Kemper et la Première Guerre mondiale mettent en danger leur union.

"Si vous restez suffisamment longtemps silencieux dans un lieu sauvage, vous vous éveillez aux mouvements gigantesques de votre cœur. Ce frémissement que vous éprouvez, indicible et constant, est celui des vies qui sont égarées dans la vôtre. Il ne vous appartient pas de les ramener ou d'en tenir compte, et ce ne fut en fait jamais le cas." p 287

L'auteur s'est inspiré de l'artiste Walter Inglis Anderson "dont le travail témoigne de la beauté et de la fragilité de la côte du golfe du Mexique comme de celles de l'esprit humain"

Ce que j'ai moins aimé :

A quoi tient l'intérêt que nous ressentons pour un livre ? Celui-ci avait tout pour me plaire, des passages sur la nature et le monde de l'art, des personnages marquants, tout cela serti par les éditions Gallmeister qui est mon éditeur de cœur. Et pourtant la magie n'a pas eu lieu, la rencontre ne s'est pas faite. Je ne me suis pas attachée aux personnages, je n'ai pas été portée par l'intrigue et les passages censément poétiques sur la nature m'ont laissé de marbre.

Pour l'anecdote je l'avais déjà commencé il y a plusieurs mois, puis abandonné, et je l'ai repris avec le même ennui, même si cette fois-ci je suis allée au bout de ma lecture.

Peut-être n'aurais-je pas dû insister ?

Présentation de l'éditeur : Gallmeister

Thème du mois : Sud Profond

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Champagne de Monique PROULX

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Champagne et campagne, même combat. Mêmes bulles d'allégresse. Même mot, fondamentalement. Qui sait encore qu'au Moyen-Age tout ce qui n'était pas la ville, tout ce qui était territoire sauvage s'appelait la champagne ?" p. 207

Au bord du lac de l'Oie dans les Laurentides se côtoient des amoureux de la nature venus se réfugier loin des contingences bruyantes et aliénantes de la ville. Lila Szach est la propriétaire de ce domaine qu'elle défend jalousement. D'autres écorchés de la vie sont venus se réfugier sur ces terres préservées : Claire qui écrit des scénarios, Simon et son kayak, Jérémie le neveu de Simon, Violette qui fuit l'horreur de sa vie. Autour d'eux rôdent les Clémont, prédateurs inquiétants.

En pleine nature, l'être humain a tendance à revenir à l'essentiel, à retrouver l'accord perdu avec ce qui l'entoure. Si Lila aime se rouler dans la mousse, Simon préfère se laisser porter par l'eau sur son kayak pour que ses soucis coulent dans les tréfonds du lac. Dans l'innocence de l'enfance, Jérémie quant à lui communique avec les esprits de la nature. La forêt devient à la fois lieu de guérison et d'émerveillement pour ces êtres déracinés, perdus dans un monde trop grand pour eux. 

"C'était l'été, comment avait-elle osé douter de l'été ? c'était l'été dans son infinie luxuriance, trente degrés à l'ombre et le soleil au zénith, c'était l'aboutissement grandiose de toutes les explosions commandées par le jeune roi été, et elle Lila Szach, mortelle si incomplète, on lui permettait de se rouler dans la jeunesse parfaite de l'été aux côtés des grives solitaires, des frédérics mélodieux, des rudbeckias, des marguerites foisonnantes, de la sève ruisselant aux doigts des épinettes, des petits chevreuils sur leurs pattes de deux mois, des vanesses amiral aux robes de satin noir et blanc, des maringouins à la musique aigrelette et des chanterelles recommencées, des sublimes chanterelles..." p. 180

Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Laurentides/Panorama

La nature qui entoure les êtres est aussi source d'apprentissage, ils retrouvent leur statut animal, avec ses pulsions, ses heurts, la paix intérieure ne s'offrant pas si facilement.  Mais ils prennent aussi conscience de la beauté du monde à préserver, à observer dans un amour inconditionnel pour l'infiniment petit.

"Elle se voyait affalée sur elle-même à dorloter sa noirceur et à en redemander et ça lui faisait soudain horreur. Quitte ça, quitte ça. Elle sortait de sa tête à grands coups de respiration et elle recommençait à voir et à entendre, les fougères, les monotropes et les pyroles, et tout ce temps la cigale qui n'avait pas cessé de l'interpeller ni les frédérics et les troglodytes de s'épuiser en récital, et elle se redressait vite au risque de s'occasionner des étourdissements - quel sacrilège d'ignorer les vrais spectacles réjouissants pour s'en inventer des douloureux, quel sacrilège et quelle sottise." p. 173

Cette nature millénaire leur apprend la vie qui passe et ne revient pas, comme les saisons, la mort qui les guette au détour d'un chemin, les épreuves de la vie, faites de hasards et d'aléas... 

Lila est comme la grande prêtresse des lieux, sauvage et humaine à la fois. Elle enseigne au petit Jérémie la sagesse , en transformant par exemple son "Faites que le mois d'août n'arrive jamais." en "Faites que je traverse le mois d'août sans encombre." "Tout était dit dans cette formule en apparence anodine. Ne crois jamais que les obstacles - en l’occurrence le mois d'août- vont se dissiper par miracle. Ne crois jamais que tu ne pourras pas les affronter." p. 175

Un récit magnifique aux confins du monde qui nous enjoint à ne pas perdre notre capacité d'émerveillement !

Présentation de l'éditeur :Editions Boréal 

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