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La mort nomade - Yeruldelgger de Ian MANOOK

Publié le par Hélène

♥ ♥

Yeruldelgger a fui la capitale Oulan-Bator pour trouver refuge au coeur du désert de Gobi, loin de la violence du monde. Il espère se ressourcer, se recentrer. Mais c'est sans compter l'arrivée de deux femmes : l'une recherche sa fille disparue et  l'autre a aussi une requête à lui soumettre. Yeruldelgger abandonne alors sa retraite spirituelle pour venir en aide à ces âmes perdues...

Au début du roman les failles de Yeruldelgger apparaissent en filigrane, subtiles, émoussant peu à peu le moral de cet homme blessé venu chercher l'apaisement. Mais malheureusement, cet aspect s'efface, d'autres personnages font leur apparition, nombreux, très nombreux, provoquant la disparition progressive de notre héros noyé dans trop d'intrigues différentes et emberlificotées avec un nombre impressionnant de cadavres sur sa route !

Le charme s'efface, l'action tonitruante prend le dessus petit à petit et on en vient à regretter le début du roman, tellement plus juste. Les dénonciations fusent, entre écologie, politiques, abus de pouvoir, non-respect des traditions, un florilège des tous les thèmes liés au pays défilent...

Il s'agit là du dernier opus lié à la série des Yeruldelgger, il était temps que l'auteur passe à autre chose !

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel ; Le livre de poche

Du même auteur : Yeruldelgge♥ ♥ ♥ ♥ ; Les temps sauvages ♥ ♥ ♥ 

D'autres avis : Babelio

 

La mort nomade, Ian Manook, le livre de poche, octobre 2017, 480 p., 8.10 euros

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La rentrée littéraire en poches

Publié le par Hélène

A l'heure de la rentrée littéraire qui risque fort de me ruiner si j'écoute toutes les critiques positives, je me suis plongée dans la rentrée des poches.

Voici les romans que je vous conseille :

Une heure de jour en moins de Jim Harrison

Les huit montagnes de Paolo COGNETTI

Souvenirs de la marée basse de Chantal THOMAS

Hiver à Sokcho de Elisa Shua DUSAPIN

Les maraudeurs de Tom COOPER

Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant  en septembre

La tresse de Laëtitia COLOMBANI

Quand sort la recluse de Fred VARGAS

Je suis tentée par :

- Equateur de Antonin VARENNE

-Le cœur battant de nos mères de Brit Bennett

- Le Sympathisant de Viet Thanh Nguyen

-Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill

- Le camp des autres de Thomas VINAU

- La terre qui les sépare de Hisham MATAR (octobre)

- La serpe de Philippe JAENADA (octobre)

- La femme brouillon de Amandine DHEE

 

Et il faudrait que je finisse Les trois amis en quête de sagesse, dialogue passionnant laissé trop longtemps de côté...

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Concours pour le Paradis de Clélia RENUCCI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Saisir l'absolu, contempler le relatif ... "

Dans la Venise de la renaissance, le palais des Doges brûle. Au lendemain de la catastrophe, le doge décide d'organiser un concours pour choisir le peintre chargé de repeindre Le paradis, oeuvre majeure qui trône dans la salle du Conseil. Cinq artistes s'affrontent alors : Tintoret, Véronèse, Bassano, Zuccaro et Palma le Jeune. Ce concours, qui n'aurait dû durer que deux ou trois ans, s'étendra alors sur vingt ans, exacerbant les rivalités prégnantes sévissant entre Tintoret et Véronèse...

Clélia Renucci a su capter la matière romanesque de ce qui devient au fil des années un véritable feuilleton, avec ses rivalités, ses rebondissements, ses différents épisodes heureux ou malheureux, ses trahisons, ses jalousies familiales... Mais derrière l'anecdotique, l'auteure offre aussi la quintessence de l'histoire, elle taille dans les faits pour que l'universel apparaisse au détour d'une phrase, d'une attitude, d'un regard, subrepticement caché derrière l'individuel. Si la documentation engrangée pour l'écriture du roman tient une place importante, l'auteure s'intéresse davantage à l'humain, au statut de l'artiste, à ses ambitions que dévoilent les querelles de clocher politiques et religieuses.

Les artistes sont peints comme des marionnettes du pouvoir, interchangeables comme le prouve cette anecdote : Jacopo peint une toile en la faisant passer pour une oeuvre de Titien. Tout le monde se pâme d'admiration et prétend reconnaitre les traits  du grand maître avant que Jacopo ne dévoile à tous la supercherie et ne mette ainsi en valeur les "enthousiasmes frelatés et éloges hypocrites."  Jacopo voulait ainsi montrer combien le nom importe davantage que l'oeuvre.

"L'histoire abonde en oublis, en méjugements chroniques, en contre-vérités." Le Paradis est considéré comme une oeuvre mineure, peu citée, au grand damne de Clélia Renucci qui avait été profondément touchée par sa découverte six ans auparavant lors de la visite du palais des Doges. Peut-être pourra-t-elle contribuer par le biais de ce roman passionnant à faire de ce Paradis une chapelle Sixtine...

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

 

Merci à l'auteur et l'éditeur.
 

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Séquoias de Michel MOUTOT

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Au milieu du XIXème siècle, la famille Fleming chasse la baleine, à la recherche du célèbre ambre gris qui assurera leur fortune. La mort de leur père et un incendie ravageur les oblige à reprendre la mer pour rétablir leur capital. Ils décident alors de répondre à l'appel des sirènes de la ruée vers l'or et de partir pour la lointaine Californie à bord du Freedom, le baleinier qu'ils ont hérité de leur père.  Au terme d'un voyage mouvementé, ils découvrent une cité en pleine expansion, San Francisco se fonde sous leurs yeux et Mercator, le frère aîné comprend rapidement qu'il a un rôle à jouer dans l'établissement de cette nouvelle cité. Michael, le frère cadet, choisit quant à lui d'explorer les filons à la recherche de l'or.

Roman foisonnant, Séquoias s'envole vers diverses directions : à la fois roman maritime, roman historique sur la ruée vers l'or, la cohabitation houleuse avec les indiens et la naissance d'une ville, roman écologique qui met en avant le pillage irraisonné des ressources naturelles du pays, roman d'aventures avec ses rebondissements étonnants, roman d'amour (volet qui n'est pas le plus réussi du roman), roman moderne et contemporain avec des chapitres plus ancrés dans notre époque, roman sur la filiation, en résumé un roman complet qui souffre de quelques longueurs inévitables à son abondance, mais est finalement diablement efficace !

Présentation de l'éditeur : Seuil

Du même auteur : Ciel d'acier

D'autres avis : Babélio

 

Merci à l'éditeur/

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Le prince à la petite tasse de Emilie de TURCKHEIM

Publié le par Hélène

"Que se passe-t-il, au fond de soi, quand on a perdu sa langue et sa famille et qu'on a perdu sa langue et sa famille et qu'on cherche éperdument un lieu, même étroit, où replanter sa vie ?"

Emilie et sa famille décide d'accueillir un réfugié durant un an. Ainsi Reza s'installe à leurs côtés pour partager leur quotidien. Réfugié afghan, il a dû fuir son pays à douze ans à cause de la guerre, laissant derrière lui les siens.

Avec humilité, l'auteure raconte sous la forme d'un journal l'adaptation du jeune homme, l'insertion dans cette vie de famille.

Ce que j'ai moins aimé : Ce récit est assez lisse, sans grande aspérité, comme si tout était facile, simple. L'écriture colle à cette simplicité, le style se rapprochant de celui de Monsieur Tout le Monde. Etait-ce voulu pour prouver que tout un chacun pourrait accomplir cette belle action emplie d'espoir et d'humanité ?

Les poèmes eux-mêmes sonnent creux :

"Nous écrirons sur la dispute des langues

D'une parole d'air et d'eau

Horizon-lyre des nuances.

(...)

Viendra le règne des métamorphoses

Tu seras le livre sur le banc de pierre

L'or élucidé du lichen."

Bilan : Un récit - témoignage touchant dans ses intentions mais qui aurait mérité plus de profondeur.

 

Présentation de l'éditeur : Calmann-Lévy

 

Merci à l'éditeur.

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La perle de John STEINBECK

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Kino et sa femme Juana Kino, vivent au sein de la nature au bord de la côte californienne. Malheureusement, leur bébé Coyotito est mordu par un scorpion et le couple de pêcheurs n'a pas l'argent nécessaire pour le faire soigner par le médecin qui refuse de les aider. Fou de douleur, Kino repart à la chasse aux perles, dans l'espoir de faire fortune. La chance lui sourit alors, et il pêche la plus grosse perle du monde. Mais est-ce réellement une chance ?

Dans ce récit allégorique la différence de classe est prégnante : les pauvres restent pauvres, car le système le décide ainsi, et il est impossible de braver le système. Tous se liguent contre Kino pour l'empêcher de faire fortune et de réaliser ses rêves. Tous veulent le voler, le spolier, ceux qui se pensent trop faibles observent de loin. Dans cette société capitaliste, les pauvres resteront des laissés pour compte, sans aucune chance. Comme chez les animaux, les prédateurs triomphent et l'homme, attiré par les lueurs de l'argent, perd ses attributs humains pour redevenir une bête...

Mais ce gain tant convoité est-il synonyme de bonheur ? Le rêve américain est en effet ici dénoncé. La perle représente le Mal, et il faut s'en éloigner, comme il faut s'éloigner de cette société créatrice d'inégalités, de conflits de violence au sein même de l'individu. Les seuls moments calmes et sereins vécus par la famille sont ceux vécus dans la nature, en accord avec les éléments, en accord avec leurs chants intimes. En cela, Steinbeck propose une vision rousseauiste de la vie : la société pervertit les hommes.

Pour retrouver sa dignité, il faut affirmer la primauté de l'esprit comme lorsque Kino se révolte et refuse de vendre sa perle, de la brader.

John Steinbeck propose ici un récit fort, très lucide et relativement pessimiste sur la société et sur l'homme en général.

 

Présentation de l'éditeur : Folio

Du même auteur Des souris et des hommes

 

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Tenir jusqu'à l'aube de Carole FIVES

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Une jeune mère "solo" vit seule avec son fils de deux ans. Toute sa journée est rythmée par ce fils qu'elle aime mais qui absorbe trop son temps. Ainsi la nuit s'accorde-t-elle un petit répit en laissant l'enfant seul pour se promener dans la ville endormie, avec la vague impression de retrouver ainsi sa liberté perdue. Entre culpabilité et envie de respirer, cette jeune mère oscille dangereusement, cherchant quelquefois du réconfort ou des conseils sur les forums sur Internet, là où tout se mêle, le pire comme le meilleur.

"Je ne comprends pas les nouvelles mères ! A peine leurs bébés sont-ils nés qu'elles ne pensent qu'à retrouver leur liberté, avoir du temps pour elles, elles se demandent quand est-ce que leurs petits vont faire leurs nuits, arrêter de pleurer... On a dû leur mentir sur la maternité, c'est pas possible, qu'est-ce qu'elles s'imaginaient ?"

A cette lourdeur du quotidien solitaire, se mêle les difficultés financières, dans un cercle vicieux infernal : sans garde d'enfant, difficile de travailler, même si la jeune femme travaille en free-lance. Difficile également de concevoir, de créer, quand le temps est tranché par le rythme de l'enfant... De jour en jour l'équilibre devient précaire.

Carole Fives peint à merveille l'enfermement auquel est condamnée la jeune mère, sans mari, sans famille, sans amis, sans autre alternative que de garder son enfant parce que ne bénéficiant pas de place en crèche. Elle montre l'ambivalence des sentiments, cette joie de jouer avec l'enfant, mais cette envie aussi d'être libre, comme avant.

La nouvelle "La chèvre de Monsieur Seguin" rythme le récit, plaçant ainsi la liberté comme pivot de son histoire : que signifie être libre ? Peut-on réellement choisir d'être libre ? Comment liberté et responsabilité s'imbriquent-elles ? Etre parent signifie-t-il renoncer à cette liberté ?

A la fois sociologique et philosophique, toujours porté par une écriture alerte éloignant toute pesanteur, ce récit de Carole Fives mérite une place de choix dans la rentrée littéraire !

 

Présentation de l'éditeur : L'arbalète / Gallimard

Du même auteur : Une femme au téléphone ♥ ;  Quand nous serons heureux ; C'est dimanche et je n'y suis pour rien ♥ ; Ca nous apprendra à naître dans le nord

Vous aimerez aussi : La femme gelée de Annie Ernaux

D'autres avis : Cathulu ; Joëlle

 

Tenir jusqu'à l'aube, Carole FIVES, Editions Gallimard, L'Arbalète, août 2018, 192 p., 17 euros

Merci à Babélio

tous les livres sur Babelio.com
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Canicule de Jane HARPER

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Au sud est de l'Australie, la chaleur terrasse la petite communauté rurale de Kiewarra. Les fermiers se lamentent devant cette sécheresse qui n'en finit pas et les ruine jour après jour. Est-ce parce que la canicule l'a mené à bout que Luke Hadler a tué toute sa famille à bout portant avant de retourner l'arme contre lui-même ? Son ami d'enfance Aaron Falk, de retour pour les funérailles, ne croit pas à cette version des faits. Sollicité également par le père de Peter, persuadé que son fils n'a pas pu tuer sa femme et son fils et secondant un enquêteur tenace, Aaron décide de rester plus longtemps sur les lieux pour élucider cette situation. Ce sera l'occasion pour lui de revenir sur les traces de son passé, pour le meilleur et pour le pire. Le climat et la sécheresse qui appauvrit un à un les fermiers influence indubitablement les caractères explosifs de chacun. Il suffit d'une allumette, mais aussi d'un mot, pour que tout brûle, les corps comme les âmes.

Canicule est un roman policier redoutablement efficace, l'intrigue prenante entremêlant subtilement passé et présent dont les entrelacs forment bien souvent des noeuds inextricables. La complexité de ces noeuds est indubitablement reliée aux êtres humains si flous dans leurs intentions et motivations secrètes... Que sait-on réellement des autres et de ce qu'ils cachent derrière les façades vernies ? Est-il sain de le découvrir ?

Aaron explorera son passé, et cette quête du sens après coup lui sera bénéfique. Il affrontera ses démons, regardera la vérité en face, et se libèrera finalement des non-dits sclérosants. Pour vivre plus clair. Pour respirer enfin et laisser la culpabilité derrière lui.

 

British Books of the Year 2018

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : Sauvage

D'autres avis : Karine

 

Canicule, Jane Harper, Traduit de l’anglais (Australie) par Renaud Bombard, Le livre de poche, mai 2018, 448 p., 8.20 euros

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Pause estivale

Publié le par Hélène

 

Je reviens le mardi 14 août en ces pages !

Bonnes vacances à vous !

 

Publié dans Divers

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Quelqu'un qu'on aime de Séverine VIDAL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Des falaises fragiles, en sursis, voilà ce qu'on est."

Matt a promis à son grand-père atteint des premiers symptômes de la maladie d'Alzheimer de l'emmener à travers les Etats-Unis sur les traces de son idole Pat Boone, crooner mythique des années 50, concurrent direct de Elvis Presley. Son grand-père avait en effet suivi la tournée du chanteur et Matt pense qu'en revenant sur les pas de cette période heureuse, les souvenirs vont affluer plutôt que refluer.

De fil en aiguille, ils ne seront finalement pas seuls dans leur virée, ils seront accompagnés de Amber, 18 mois, la fille que Matt vient de se découvrir, de Luke, ado en fugue, et d'Antonia, trentenaire prête à changer de vie. Leur road-trip à travers le pays s'annonce rédempteur pour chacun.

"Matt craignait le pire et ce n'est pas ce qui est arrivé. C'est même tout le contraire. A l'horizon il n'y a pas de soleil couchant magnifique, on ne voit pas à cent mètres dans ce chaos glacial, il n'y a rien, rien de ce qu'il avait prévu, rêvé. Mais Matt s'en fout, ce sera ce que ce sera. Et ça sera sans doute pas si mal."

Ce voyage est semé d'aléas, ceux de la vie, jamais totalement linéaire, la vie avec ses joies et ses pleurs. Les personnages comprendront l'importance d'être présents, de vivre ici et maintenant, avant que tout ne s'effrite, avant que la falaise sur laquelle nous nous tenons ne sombre dans une mer déchainée. Nos trajectoires provisoires peuvent nous angoisser, mais elles doivent aussi nous rappeler à accorder le juste prix à chaque étape et chaque rencontre.

Un beau roman profondément humain.

 

Présentation de l'éditeur : Sarbacane

D'autres avis : Babélio

Vous aimerez aussi : La petite voix du coeur de Billie Letts

Site de l'auteur : http://severinevidalmeslivres.blogspot.com/2015/07/quelquun-quon-aime.html

 

Quelqu'un qu'on aime, Séverine Vidal, Editions Sarbacane, août 2015, 288 p., 15.50 euros
 

Dés 13 ans

Merci à ma nièce pour ce beau conseil de lecture !

Publié dans Jeunesse Roman

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