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Frappe-toi le coeur de Amélie NOTHOMB

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Marie a 19 ans en 1971. Elle incarne la beauté, le sait et cette perfection lui laisse penser qu'elle se forgera un destin d'exception. Mais ses projets tournent court puisqu'elle tombe enceinte du fils du pharmacien, qui, s'il est le plus beau garçon de la ville, n'incarne pas pour autant ce destin exceptionnel auquel la jeune fille se destinait. Quand sa fille Diane nait et que tous vantent sa beauté hors normes, Marie se sent flouée et la jalousie, l'envie, l'insatisfaction la rongent peu à peu. Diane a la chance de pouvoir se réfugier chez ses grands-parents, chez qui elle trouve l'amour totalement inexistant chez sa mère. L'enfant, brillante, comprend rapidement que la jalousie empêche le sentiment de s'épanouir chez sa mère.

La jeune Diane apprendra à aimer ailleurs, trop, mal, elle apprendra à reconnaitre ce sentiment d'envie chez d'autres. Donner la juste dose d'amour s'avère compliqué, tant chacun a tendance à aimer trop ou pas assez.

Ce conte cruel met en avant la complexité des rapports humains, aux ramifications profondes et quelquefois douloureuses... Un texte court et brillant !

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

D'autres avis : Télérama ; L'Express

Géraldine

 

Frappe-toi le coeur, Amélie Nothomb, Albin Michel, août 2017, 176 p., 16.90 euros

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Les furies de Lauren GROFF

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"C'est vrai, la plupart des opéras racontent des histoires de mariage. Mais rares sont les mariages qui ressemblent à un opéra."

Lancelot et Mathilde. Leur rencontre tient du mythe : alors que Lancelot court de conquêtes en conquêtes, le soir où il croise la belle Mathilde, il sait, intuitivement, qu'il ne la quittera plus. Il lui demande immédiatement de l'épouser et la légende veut que Mathilde accepte tout aussi rapidement.

Outrée par ce mariage, la mère de Lancelot lui coupe les vivres, et le jeune homme se retrouve au pied du mur avec ses aspirations théâtrales. Il se fait acteur, puis dramaturge. Soudés dans l'adversité, le couple passe sans encombres les orages, les dépressions, les périodes de doute. Mathilde reste aux côtés de son époux, épouse modèle d'un soutien indéfectible. Et pourtant, l'image modèle qu'ils renvoient a son revers...

"Question de point de vue. Après tout, vue du soleil, l'humanité est une abstraction. La terre, un confetti qui tourne. De plus près, une ville est un point lumineux parmi d'autres ; d'un peu plus près, des bâtiments étincelants se détachaient peu à peu."

Peut-on tout savoir de l'autre, est-ce souhaitable, à quoi tient le couple ? Les fondements restent souvent fragiles, basés sur un passé mouvant. Le roman met en avant l'antithèse marquante entre le personnage lisse et prévisible de Lancelot et la personnalité tellement complexe de Mathilde alors même que les apparences portent les projecteurs sur Lancelot et laisse dans l'ombre la timide Mathilde.

"Mais elle se promit à elle-même que jamais il ne découvrirait l'étendue de ses ténèbres intérieures, que jamais elle ne montrerait le mal qui l'habitait, qu'il ne connaîtrait d'elle que la lumière et le grand amour. Et elle voulait croire qu'il en serait ainsi toute leur vie."

Alors oui le thème est couru, et chacun sait que les apparences sont trompeuses, d'autant plus sous le vernis de ceux qui veulent imposer aux autres leurs brillantes réussites, mais Lauren Groff sait jouer des codes habituels pour nous mener au coeur du couple, dans son intimité la plus profonde. Porté par un style irréprochable, doté d'un souffle romanesque admirable, Les Furies a été choisi à juste titre comme meilleur roman de 2015 par Barack Obama, et fut le succès littéraire de l’année aux États-Unis.

 

Présentation de l'éditeur : Editions de l'Olivier ; Points

D'autres avis : Télérama ; France Inter ;

Blogs : Nadège ; Papillon ; Cuné et Cathulu 

Interview de Lauren Groff Humanité

 

Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique de Babélio

tous les livres sur Babelio.com
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Edelweiss de Cédric MAYEN et Lucy MAZEL

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Lors d'un bal typique de l'après-guerre, en 1947, Edmond rencontre Olympe. Leur mariage est contrarié par la situation d'Edmond, ouvrier chez Renault, ce qui n'est pas à la hauteur des attentes du père d'Olympe, politicien. Féministe avant l'heure, Olympe revendique sa liberté et décide de travailler et d'aller à l'encontre des préjugés de son père. Cette jeune femme souriante et volontaire porte en elle l'amour des cimes, et espère un jour réitérer l'exploit de son aïeule Henriette d'Angeville en escaladant le Mont Blanc.

Malgré les aléas, le couple avance, soudés face à l'adversité et aux mauvais coups du destin.

Cette représentation du couple au fil des années sonne très juste, montrant les liens forts que le temps et l'amour renforcent peu à peu. Les années connaissent aussi leur lot de malheurs, de déceptions, de tragédies même, et pourtant le fil invisible qui relie les deux êtres ne rompt jamais, encordés envers et contre tout, c'est ensemble qu'ils vaincront les montagnes qui se présentent devant eux. Et c'est ensemble qu'ils arriveront au sommet...

Un album profondément touchant !

"Si l'amour déplace des montagnes, il peut aussi aider à les gravir"...

 

Présentation de l'éditeur : Glénat

D'autres avis :

 

Edelweiss, Mayen et Mazel, Glénat, juin 2017, 17.50 euros

 

Ma bd de la semaine accueillie par Noukette

 

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En camping-car de Ivan JABLONKA

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Le camping-car nous a emmenés au Portugal, en Grèce, au Maroc, à Tolède, à Venise. Il était pratique, génialement conçu. Il m’a appris à être libre, tout en restant fidèle aux chemins de l’exil. Par la suite, j’ai toujours gardé une tendresse pour les voyages de mon enfance, pour cette vie bringuebalante et émerveillée, sans horaires ni impératifs. La vie en camping-car. "

Dans les années 80, les parents de Ivan Jablonka font l'acquisition d'un camping-car pour passer des vacances sous l'aune de la liberté. Ces vacances seront les moments de son enfance durant lesquels l'auteur aura été le plus heureux, libre, lové dans l'interstice voluptueux placé entre l'école, les études plus pesantes. Il s'efforce de répondre à l'injonction de son père "Soyez heureux", cette obligation au bonheur par respect pour ce que sa famille a pu subir, ses grands-parents ayant été assassinés à Auschwitz, et son père sommé de grandir dans les institutions réservées aux orphelins de la Shoah. En famille, il arpente donc les rives de la Méditerranée, la Grèce, l'Italie, le Maroc, mais aussi la Californie, et profite de ce qui s'offre à lui :

"A Nazaré, un petit port sur l'Atlantique au nord de Lisbonne, nous nous attardons sur la plage à la fin de la journée, après le départ des touristes. Des boeufs, aiguillonnées par les pêcheurs, remontent des filets remplis de poissons. Les filets sortent lentement de l'eau, l'air se remplit d'écume, le soleil fait étinceler le frétillement argenté. Les pêcheurs, d'allégresse, jettent leurs casquettes en l'air." p. 17

Ces voyages ponctués de visites culturelles organisées avec talent par ses parents permettent également au jeune garçon d'appréhender l'histoire autrement : il erre dans les colonnes du temps en recherchant des tessons, des plantes, des fibules, des épaves, ce qui le confortera dans sa passion pour l'histoire :  "L'historien est quelqu'un qui voyage dans l'espace autant que dans le temps."

Ivan Jablonka évoque aussi une époque révolue, pourtant pas si loin de nous, avant Internet, avant les ordinateurs portables, un monde sans airbags, sans Facebook, sans teinter son récit de nostalgie, il décrit en historien ce monde éteint.

"J'ai grandi dans le camping-car et le camping-car m'a fait grandir. En valorisant une culture démocratique et une manière d'être toujours en mouvement, il a été le support d'un rapport au monde qui fait le lien entre le cosmopolitisme juif du XIXème siècle, la culture contestataire du XXème siècle et les idéaux de la gauche du XXIème siècle." p . 136

Ce que j'ai moins aimé : J'ai été gênée, comme pour Laëtitia, par ce côté décousu, entre autobiographie, essai sociologique, historique... J'appréciais les passages liés au récit des vacances, saisie par la poésie qui se dégageait des descriptions, puis brusquement, cette poésie s'arrêtait net pour laisser place à des considérations sociologiques ou historiques, et j'ai été dérangée par ce mélange abrupt des genres qui oblige à faire un va-et-vient sans cesse entre différentes émotions. Je ne dois pas avoir le cerveau assez élastique pour cette gymnastique... (l'âge sans doute...)

Bilan : Pour l'auteur, il s’agit de « débusquer ce qui en nous n’est pas à nous. Comprendre en quoi notre unicité est le produit d’un collectif, l’histoire et le social. Se penser soi-même comme les autres. » Beau projet, qui conviendra à ceux qui ont le cerveau vif et élastique...

 

Présentation de l'éditeur : Seuil 

Du même auteur : Laëtitia ou la fin des hommes

D'autres avis : Presse :  Télérama, Nouvel Obs ; Blogs : Joëlle

 

En camping-car, Ivan Jablonka, Seuil, janvier 2018, 192 p., 17 euros

 

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Tape-cul de Joe LANSDALE

Publié le par Hélène

♥ ♥

Comme un cyclone dévastateur a ravagé sa maison, Hap est contraint de squatter chez Leonard, qui commence à percevoir combien cette colocation est pesante. Quand Brett, la fiancée de Hap, leur demande de l'aide pour tirer sa fille des pattes de son maquereau, les deux acolytes n'hésitent pas un instant, prêts à reprendre du service. Ils se préparent pour un voyage au Mexique, dans l'antre des Bandidos Supremes, un gang de bikers à tendance nazie et à cette occasion leur chemin croise celui d'un nain roux, de son frère Herman, repenti, et de quelques autres acolytes hauts en couleur. Leur voyage ne s'annonce pas de tout repos, les échanges musclés se multiplient rapidement...

"Elle prétendait que, pour que les choses aillent bien, il suffisait de croire en l'amour - et aussitôt celui-ci imprégnait l'air.

La pollution imprègne l'air, chérie, que tu y croies ou non. L'amour exige davantage d'efforts. Et, contrairement à la pollution, il arrive que l'amour disparaisse."

Ce que j'ai moins aimé :

- Les dialogues sont de plus en plus ponctués de "bite" "merde" "chatte" "chié" "étron" et j'en passe. Pas une page sans rencontrer ce vocabulaire fleuri !

- L'intrigue reste minimale et de fait les altercations armées prennent une place prépondérante

- et puis cette fin qui cherche à friser la moralité "Oui, Hap nous avons tué, mais pardonnez nos péchés, ils étaient méchants ou perdus..."

Bilan : une déception pour cet opus appartenant à une série que j'apprécie beaucoup habituellement.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Du même auteur L'arbre à bouteilles ♥ ♥ ♥ ♥ (policier) Le mambo des deux ours ♥ ♥ ♥ ♥ (policier) ; Bad chili ♥ ♥ ♥ ♥ (policier) ; Les mécanos de Vénus  ♥ ♥ ♥ (policier) ; Les marécages ♥ ♥ ♥ (policier) 

D'autres avis : Encor du Noir

 

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Dernière saison dans les Rocheuses de Shannon BURKE

Publié le par Hélène

♥ ♥

En 1820 le commerce de fourrures est pour les trappeurs le moyen de faire fortune même si les risques sont conséquents. Malgré ces risques, et pour braver les commentaires désobligeants de son père, le jeune William Wyeth s'engage auprès d'une compagnie de trappeurs. Mais la mort le frôle, l'obligeant à rester en convalescence au fort, aux côtés de la belle Alene. Néanmoins, l'instinct le poussant vers l'aventure sera le plus fort, et il n'aura de cesse de vouloir repartir. Il trouve sur sa route le fascinant Layton, capable du pire comme du meilleur et c'est à ses côtés qu'il choisit de reprendre le chemin des montagnes pour ce qui sera, peut-être, sa dernière saison dans les Rocheuses...

L'aventure court dans le sang du jeune William, et ses attentes ne sont pas déçues : rencontre avec les tribus indiennes, tempête de neige, compagnons peu fiables prêts à tout pour faire fortune, chasse au bison, les épreuves s'enchainent. Heureusement, l'amitié et l'entraide permettent au jeune homme d'avancer, envers et contre tout...

Ce que j'ai moins aimé : Bizarrement, alors que tous les "ingrédients" du roman d'aventure sont là, j'ai trouvé l'ensemble artificiel, ne parvenant pas à m'emporter vers ces contrées.

Bilan : Un roman d'aventures bien mené.

 

Présentation de l'éditeur : 10-18

Du même auteur : l'inoubliable 911

 

Dernière saison dans les Rocheuses, Shannon Burke, traduit de l'anglais (EU) par Anne-Marie Carrière, 10-18, janvier 2018, 288 p., 17.50 euros

 

Merci à l'éditeur.

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La loterie de Miles HYMAN

Publié le par Hélène

♥ ♥

Dans un village de la Nouvelle-Angleterre, chaque année, a lieu la Loterie, un rituel immuable, au lot vague et imprécis... Et si il s'agissait d'un jeu où l'on a plus à perdre qu'à gagner ?

Cette Bd glaçante est l'adaptation d'une nouvelle écrite par la grand-mère de Miles Hyman, Shirley Jackson. En 1948 l'édition de cette nouvelle entraine un bouleversement énorme dans la vie de sa famille, notamment des courriers indignés de lecteurs qui pensaient que l'histoire était basée sur des faits réels. Cette vague de réactions montre que l'auteure a su toucher en eux quelque chose à la fois d'intime et de profondément effrayant.

La tension qui court et s'amplifie au cours de la lecture est parfaitement rendue par les dessins de Miles Hyman qui peint au plus près cette anodine cérémonie se transformant peu à peu.

Miles Hyman "Jackson pose sans détour cette question à laquelle nous préfèrerions ne jamais devoir répondre : nos enfants, notre époux, nos amis et voisins se retourneraient-ils contre nous si la société et ses coutumes l'exigeaient ?"

Ce que j'ai moins aimé : L'auteur a su mettre l'accent sur ce que la nouvelle avait de dérangeant, en l'amplifiant peu à peu, en creusant le vide entre les actes des protagonistes, et il a tant réussi, que ne reste que cette impression dérangeante, imprégnée dans le lecteur...

 

Présentation de l'éditeur : Casterman

 

Sélectionnée pour Le Prix SNCF du Polar

C'était ma Bd de la semaine accueillie par Moka aujourd'hui

 

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L'état de siège d'Albert CAMUS

Publié le par Hélène

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"De plus loin que je me souvienne, il a toujours suffi qu'un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu'elle s'arrête, il s'en faut. Mais enfin, elle grince, et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper."

De cette pièce, Camus dit qu'elle "est peut-être celui de ses écrits qui [lui] ressemble le plus."

Dans une petite ville paisible, peu à peu la peste se propage, incarnée par un homme, symbole d'un régime totalitaire. Cette peste instaure alors l'état de siège qui apporte ordre, contrôle et surveillance. Tous semblent se plier à la terreur engendrée par cet état, tous, sauf Diego, qui décide de ne plus avoir peur et de se révolter.

"Qu'ai-je donc à vaincre en ce monde, sinon l'injustice qui nous est faite."

Chez Camus, cette révolte est une activité intellectuelle, nécessitant un courage permanent, elle est un engagement nécessaire. Il visait aussi bien l'Occupation et l'extermination des juifs en Europe que toutes les terreurs de l'état totalitaire vise l'Etat policier ou bureaucratique.

"Vous avez cru que tout pouvait se mettre en chiffres et en formules ! Mais dans votre belle nomenclature, vous avez oublié la rose sauvage, les signes du ciel, les visages d'été, la grande voix de la mer, les instants du déchirement et la colère des hommes ! (Elle rit.) Ne riez pas. Ne riez pas, imbécile. Vous êtes perdus, je vous le dis. Au sein de vos plus apparentes victoires, vous voilà déjà vaincus, parce qu'il y a dans l'homme -regardez-moi- une force que vous ne réduirez pas, ignorante et victorieuse à tout jamais. C'est cette force qui va se lever et vous saurez alors que votre gloire était fumée."

Seul un mouvement collectif de révolte peut conduire à un changement :

"De plus loin que je me souvienne, il a toujours suffi qu'un homme surmonte sa peur et se révolte pour que leur machine commence à grincer. Je ne dis pas qu'elle s'arrête, il s'en faut. Mais enfin, elle grince, et, quelquefois, elle finit vraiment par se gripper."

"Le désespoir est un bâillon. et c'est le tonnerre de l'espoir, la fulguration du bonheur qui déchirent le silence de cette ville assiégée. debout vous dis-je ! Si vous voulez garder le pain et l'espoir, détruisez vos certificats, crevez les vites des bureaux, quittez les files de la peur, criez la liberté aux quatre coins du ciel ! Nous sommes les plus misérables ! L'espoir est notre seule richesse, comment nous en priverions-nous ? Frère, nous jetons tous ces bâillons ! (Grand cri de délivrance) Ah ! sur la terre sèche, dans les crevasses de la chaleur, voici la première pluie ! Voici l'automne où tout reverdit, le vent frais de la mer. L'espoir nous soulève comme une vague."

Une oeuvre toujours actuelle !

 

Présentation de l'éditeur : Folio théâtre

Du même auteur : La peste ♥ ♥ ♥

 

L'état de siège, Albert Camus, Première parution en 1949, Édition de Pierre-Louis Rey,Collection Folio théâtre (n° 52), Gallimard,Parution : 09-10-1998, 8.49 euros

 

Publié dans Théâtre

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Couleurs de l'incendie de Pierre LEMAITRE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

En février 1927 lors des obsèques de Marcel Péricourt, un nouveau drame va fondre sur la famille. Madeleine est appelée à reprendre la main sur la fortune de son père et sur ses affaires mais le geste tragique de son fils Paul change irrémédiablement sa destinée. Confrontée aux manigances politiques, aux trahisons des banquiers, aux abandons de ses proches, elle devra faire preuve de la même froideur et du même calcul qu'eux pour garder la tête hors de l'eau et préserver son fils Paul.

Cette grande fresque n'est pas sans rappeler le magnifique Comte de Monte Cristo avec cette même mécanique de la vengeance. Chaque personnage est bien dessiné et nous naviguons entre eux, emportés par un élan romanesque enchanteur ! Que ce soit Charles, député qui essaie de marier ses filles laides, Léonce la traitresse arriviste, Vladi la nurse polonaise tellement efficace, Joubert le banquier vénal, Dupré au service de la lutte des classes, Paul et sa passion pour l'opéra, André, le précepteur trouble, tous sont pris aux rets d'une époque bancale, entre manoeuvres politiques, désir d'évasion fiscale, ambitions démesurées des uns et des autres, et surtout peu à peu, montée du nazisme. L'intime rejoint la grande Histoire, les deux s'entremêlant savamment. 

A noter que ce roman peut se lire indépendamment de Au revoir là-haut, nul besoin de se souvenir des personnages pour comprendre l'intrigue.

Vivement la suite !

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

D'autres avis : Télérama ; France Inter ;

Eva ;

 

Du même auteur : Au revoir là-haut ♥ ♥ ♥ ; Trois jours et une vie ♥ ; Cadres noirs ♥ ♥ ♥ (policier)

 

Couleurs de l'incendie, Pierre Lemaitre, Albin Michel, janvier 2018, 540 p., 22.90 euros

 

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La saga de Grimr de Jérémie MOREAU

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Je n’ai pas de nom, pas de famille, pas de terres, pas de possessions. Pour eux, je ne suis personne. Mais je vais leur montrer qui je suis. Le temps d’une vie. Chacun de mes actes comme autant de pierres posées pour construire l’édifice final. Car ce qu’ils ne savent pas, c’est que j’ai un volcan dans l’âme."

1783, Islande. Grimr devient orphelin après l'éruption du volcan sur lequel dort ce pays âpre. Il doit se construire seul, mais sa force impressionnante ne passe pas inaperçue. Il rencontre Vigmar, un voleur de grand chemin qui le prend sous son aile et l'encourage à bâtir sa propre légende : "Tant qu'on n'est pas mort, il n'est jamais trop tard pour rattraper sa réputation." lui dit-il. Mais le destin s'acharnera sur cet être démuni en quête d'identité, incarné notamment par un émissaire de sa gracieuse Majesté du Danemark, pays dont l'Islande subit le joug arbitraire. Au-delà de ces dissensions, Grimr est doté d'une force herculéenne qui effraie et fascine à la fois. Est-il un troll ? L'incarnation du mal qui rôde ? Les grandes légendes se fabriquent aussi à partir des histoires qui courent... Grimr pourra-t-il être aussi remarquable qu'un héros de saga comme Erik Le Rouge ?

L'Islande gronde, se prépare la plus grosse éruption lavique de l'histoire de l'Islande, une éruption qui décimera un tiers de la population islandaise, il est temps que Grimr trouve sa place...

Un profond souffle épique parcourt les pages lumineuses de Jérémie Moreau. Le graphisme est magnifique, à l'image de cette île sauvage aux contrastes saisissants.

Un album coup de coeur qui vient de recevoir à juste titre le Fauve d'Or du meilleur album 2018 à Angoulême

 

Présentation de l'éditeur : Delcourt

D'autres avis : Découvert chez Noukette et Moka

Du même auteur : Le singe de Hartlepool

 

La saga de Grimr, Jérémie Moreau, Delcourt, septembre 2017, 25.50 euros

La Bd de la semaine est chez Moka

 

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