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Tu sais ce qu'on raconte de Gilles ROCHIER et Daniel CASANAVE

Publié le par Hélène

♥ ♥

Le fils Gabory revient dans sa ville natale après une longue absence. Il aurait été à l'origine d'un drame routier des années auparavant, du moins "c'est ce qu'on raconte"...

Les rumeurs se lancent, il serait revenu pour se venger, ou pour d'autres raisons obscures, et puis les questions s'accumulent, où était-il pendant deux ans, sans doute en prison, et puis sa famille était étrange, tout comme ses relations avec la jeune fille morte dans l'accident. Bref, vous l'aurez compris, tout est sujet à commentaires et les mauvaises langues se délient face au drame et à ce retour-évènement qui apporte un peu d'agitation dans des vies plates et banales. De même, les craintes ne sont jamais loin, corolaires inévitables de l'ennui.

Des tons oppressants, une ville tentaculaire qui semble vouloir broyer les êtres dans ses mots et ses assertions, tant la force des commentaires et des rumeurs est prégnante, tout concourt à créer un climat délétère et pesant. Rares sont ceux qui n'ont rien à dire.

Une belle réussite pour cet album insistant !

 

Présentation de l'éditeur : Warum

D'autres avis : Mo

 

 

Tu sais ce qu'on raconte, Gilles Verdier et Daniel Casanave, Warum, janvier 2017, 15 euros

 

Cette BD fait partie de la Sélection Prix Polar Sncf et elle est disponible en e-livre ce mois ci sur e-livre.sncf.com.

L'expérience de lecture d'Une BD sur l'ordinateur (une première pour moi) fut plutôt concluante :

 

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Top ten à la québecoise

Publié le par Hélène

Voici ma sélection de mes titres québécois préférés. Cliquez sur le titre !

La tournée d'automne de Jacques POULIN 

Le vieux chagrin de Jacques Poulin

La petite et le vieux de Marie-Renée Lavoie (chronique à venir le 10 novembre)

La fiancée américaine de Eric Dupont

Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle

Pieds nus dans l'aube de Félix Leclerc

Champagne de Monique Proulx

Défense de tuer de Penny

Elle et nous de Michel JEAN

Nature morte de Louise PENNY 

 

D'autres coups de coeur québécois chez Karine

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Québec en novembre

Publié le par Hélène

Ce mois-ci sera québecois avec Karine et Yueyin !

Ce sera l'occasion de faire de belles découvertes, grâce à un programme de lectures communes très alléchant :

4 novembre : littérature jeunesse

6 novembre : Top 10 à la québécoise qui nous permettra de mettre en avant nos romans québécois préférés

10 novembre : Marie-Renée Lavoie La petite et le vieux que je viens de finir, et pour qui j'ai eu un vrai coup de coeur !

12 novembre : Romance et chicklit

14 novembre : Réjean Ducharme

16 novembre : Écoutons un livre québécois (raccord avec le rendez vous du blog de Sylire http://www.sylire.com/

20 novembre : Michel Tremblay dont j'aimerais relire Le coeur découvert et le coeur éclaté

22 novembre : BD québécoise

24 novembre : Polars québécois, Louise Penny pour moi

 

J'ai également prévu de lire Bondrée de Andrée A. Michaud

Un beau programme en perspective qui risque de se densifier quand j'aurai découvert le top ten des uns et des autres lundi ! A suivre...

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Underground railroad de Colson WHITEHEAD

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Comme si en ce monde il n'y avait pas de lieux où s'enfuir, seulement des lieux à fuir."

Underground railroad est le nom donné au réseau de routes clandestines utilisées par les abolitionnistes pour aider les esclaves noirs à s'échapper notamment dans les années 1850. Ce chemin, la jeune Cora, seize ans, esclave dans une plantation de coton, va le suivre pour fuir aux côtés de Caesar, un autre esclave de la plantation. Caesar pense sans doute que la jeune femme lui portera chance dans sa fuite puisque la mère de Cora, Mabel, fut la seule esclave de la plantation a avoir réussi à fuir sans jamais se faire prendre par les chasseurs d'esclaves. Cora et Caesar, accompagnés par Lovey, s'engagent donc vers la route censée les mener vers la liberté. Mais cette route est semée d'embûches, et de la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, ils vont vivre une incroyable odyssée.

"Il arrive parfois qu'une esclave se perde dans un bref tourbillon libérateur. Sous l'emprise d'une rêverie soudaine au milieu des sillons, ou en démêlant les énigmes d'un rêve matinal. Au milieu d'une chanson dans la chaleur d'un dimanche soir. Et puis ça revient, inévitablement : le cri du régisseur, la cloche qui sonne la reprise du travail, l'ombre du maître, lui rappelant qu'elle n'est humaine que pour un instant fugace dans l'éternité de sa servitude."

L'auteur a choisi ici de matérialiser ce chemin clandestin par un chemin de fer souterrain, lieu désertique dans lequel errera plusieurs fois Cora, sommée de fuir à nouveau alors qu'elle pensait avoir trouvé un havre de paix. Mais la paix est éphémère dans ce monde dominé par la haine et la violence.

« Un semblant de liberté était le pire des châtiments, tant il mettait douloureusement en relief la magnificence d’une vraie liberté […] Etre libre n’était pas une question de chaînes, ni d’espace disponible. »

Ce que j'ai moins aimé : Le roman est très bien documenté, ouvrant sur une période sombre de l'histoire, mais il manque un souffle, une émotion qui prendrait aux tripes et apporterait une dimension supplémentaire à ce destin poignant. Cora semble comme dénuée de sentiments, être immatériel qui traverse les étapes de son parcours en observatrice.

Bilan : Cette fuite en avant aux rebondissements multiples agit certes comme un page turner instructif, mais il lui manque une dimension supplémentaire pour marquer durablement.

 

Présentation de l'éditeur : Albin Michel

D'autres avis : Babélio

 

Reçu et lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire Priceminister

 

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Les étoiles s'éteignent à l'aube de Richard WAGAMESE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"On n'est rien d'autre finalement. Que nos histoires."

Quand Eldon appelle son fils Franklin à son chevet, il sait que ses jours sont comptés. Détruit par des années d'alcoolisme, il est rongé de l'intérieur et souhaite que son fils l'accompagne dans la montagne pour l'enterrer comme un guerrier. Pour les deux hommes qui n'ont jamais vécu ensemble, c'est aussi l'occasion d'explorer le passé. Franklin espère avoir des réponses aux questions qu'il se pose, lui qui a été élevé par un autre homme que son père et qui n'a jamais connu sa mère.

Arpentant les grands espaces dans lesquels Benjamin se meut avec aisance et harmonie, les hommes se réconcilient aussi avec leurs origines indiennes et avec "le Grand Tout".

"Jimmy disait tout le temps que nous étions un Grand Mystère. Tout. Il disait que les choses qu'ils faisaient, ces Indiens d'autrefois, c'était rien d'autre que d'apprendre à vivre avec ce mystère. Pas le résoudre, pas s'y attaquer, pas même chercher à le deviner. Juste être avec. J'crois que j'aurais aimé apprendre le secret qui permet de faire ça."

Leur identité s'est forgée au fil de leurs histoires, et si Benjamin peut ressentir de l'amertume face à ce père alcoolique, le récit des épreuves d'Eldon lui permettra de mieux comprendre qui il est et d'où il vient.

"Le vrai monde c'était un espace de liberté calme et ouvert, avant qu'il apprenne à l'appeler prévisible et reconnaissable. Pour lui, c'était oublier écoles, règles, distractions et être capable de se  concentrer, d'apprendre et de voir. Dire qu'il l'aimait, c'était alors un mot qui le dépassait, mais il finit par en éprouver la sensation. C'était ouvrir les yeux sur un petit matin brumeux d'été pour voir le soleil comme une tache orange pâle au-dessus de la dentelure des arbres et avoir le goût d'une pluie imminente dans la bouche, sentir l'odeur du camp Coffee, des cordes, de la poudre et des chevaux. (...) C'était aussi la sensation de l'eau qui jaillit d'une source de montagne. Aspergée sur ton visage comme un éclair glacé. Le vieil homme lui avait fait découvrir tout cela."

Richard Wagamese peint ici un magnifique roman sur ce qu'on transmet à ses enfants, sur la force qu'on leur inculque pour faire face aux évènements marquants de la vie, et de la vérité qui se tapit en eux, prête à resurgir, intacte, pure. Un roman profondément touchant.

 

Présentation de l'éditeur : Editions Zoé

D'autres avis : Jérôme ; Sandrine

 

Les étoiles s’éteignent à l’aube de Richard Wagamese (traduit de l’anglais par Christine Raguet). Zoé, 2016. 285 pages. 21,00 euros

 

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Le lycée Pierre de Coubertin et le Goncourt des Lycéens

Publié le par Hélène

La documentaliste du lycée Pierre de Coubertin à Calais et la professeure Cécile Wallant ont souhaité faire participer leur classe cette année. Le lycée avait déjà participé au prix, et ce fut un franc succés si bien qu'elles ont souhaité proposer à nouveau leur candidature, pour ce "projet sympa qui permet aux élèves de découvrir la littérature contemporaine."

La documentaliste souligne que les élèves lisent de tout, même si en classe, ils ont plutôt tendance à lire de la littérature classique, au CDI ils empruntent beaucoup de littérature jeunesse. Le CDI a acheté un jeu de romans dés le début, ainsi les livres de la sélection ont été beaucoup lus, empruntés. Il semble que Summer plaise beaucoup, mais finalement chaque élève a trouvé un roman différent pour lui plaire...

 

Les lycéennes Léa Flavie, Océane et Eugénie et Léonie ont d'abord été surprises quand elles ont appris participer au prix, c'était assez inattendu, voire effrayant de se dire qu'il allait falloir lire 15 romans en peu de temps. Mais finalement, elles ont trouvé cela enrichissant, notamment le fait d'élargir leurs connaissances sur l'histoire par le biais de personnages et de points de vue différents. Cela leur a permis aussi de s'intéresser à des romans vers lesquels elles ne seraient pas allées volontairement.

Par la suite, elles vont élire des délégués dans chaque classe, qui iront ensuite défendre leurs choix. Pour l'heure, les livres les plus appréciés sont L'art de perdre / Un loup pour l'homme / Summer / et L'ordre du jour.

 

Elèves et professeurs ont créé un blog pour parler de leurs lectures : http://le-goncourt-des-lyceens-2017-quelle-aventure.blog4ever.com/

 

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Alice Zeniter et le Goncourt des lycéens

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Publié dans Goncourt des lycéens

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Alice Zeniter et le Goncourt des Lycéens

Publié le par Hélène

Comment avez-vous vécu les rencontres avec les lycéens ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J'ai vécu la série de rencontres tout d'abord comme une série de voyages en compagnie des autres auteurs et donc comme une sorte de colonie de vacances un peu étrange. Il y naît le même genre d'amitiés instantanées, que seule permet la fréquentation quotidienne, et je suis très heureuse d'avoir pu rencontrer certains d'entre eux dans ces conditions. Les salons ne nous auraient pas permis de telles discussions.

Quant aux rencontres avec les lycéens, ce qui est passionnant sur un tel format, c'est que l'on peut non seulement considérer les questions une par une mais aussi leur récurrence d'une rencontre à l'autre. On voit à la fois se dessiner des lecteurs très différents et des motifs de lecture qui pourtant se répètent. Par ailleurs, je n'ai pas pour ma part trouvé que les questions différaient tant de celles posées en librairie. Et je me suis rappelée que lorsque j'étais au lycée, je me pensais déjà comme une adulte, et qu'il n'y avait pas de raison que les lycéens nous posent donc des questions d'enfants.

Qu’avez-vous pensé de leurs questions ? Y a-t-il eu des questions surprenantes ? Lesquelles ?

Je pense qu'elles sont très encadrées par les professeurs, la plupart du temps. Pour cette raison, mes questions préférées ont été les questions surprenantes. Je pense notamment au fait que d'un jour à l'autre, j'ai eu deux questions opposées sur mon style. L'une posée à Lille et qui décrivait mon écriture comme « élégante et brutale », l'autre à Toulouse qui en faisait un processus « déroutant, long et trop compliqué ». On m'a aussi demandé à Marseille si mon livre était « une incitation à aimer la France », ce qui – passé l'étouffement instantané provoqué par une telle question – m'a amené à réfléchir à voix haute à l'arbitraire des naissances, au fait que l'injonction « la France, tu l'aimes ou tu la quittes » ne s'adressait qu'à une certaine partie de la population, et à l'étrangeté d'entendre le pouvoir exécutif parler le langage de l'amour… J'y pense encore.

Toujours à Toulouse, un groupe de lycéens m'a parlé d'un passage au tout début du livre : il s'agit en fait d'une seule ligne qui décrit la mort du père d'Ali « Il chute dans les rochers en poursuivant une chèvre fugueuse ». Les garçons trouvaient ça hilarant et m'ont mimé l'esquive de la chèvre au bord du rocher. Ils ont réussi à me persuader qu'il s'agit d'un passage hautement comique.

Quelle lycéenne étiez-vous ? Lisiez-vous ? Quels auteurs ?

J'étais très attirée par le mouvement hippie des années 60. Je cousais mes vêtements. Je parlais de vivre en autarcie avec mes copains dans une ferme ardéchoise.  J'avais l'impression qu'une manifestation de quelques centaines de personnes pouvait changer le monde. Et je lisais beaucoup, oui. Tolkien, Vian, Zola, Bradbury, Hugo (mon père était un grand lecteur de science-fiction et ma mère de romans naturalistes – ma bibliothèque était alors constituée principalement des livres que je leur chipais).

Auriez-vous aimé, adolescente, participer à ce type de jury littéraire ?

Je pense que oui. D'autant plus que j'ai passé un bac scientifique et je me morfondais de ne pas pouvoir consacrer plus de temps à la littérature.

Lisez-vous les Goncourt des lycéens ?

Pas vraiment. Ou disons que je ne les lis pas parce qu'ils ont reçu le prix. J'en lis certains parce qu'ils croisent ma route et m'intriguent. Ça a notamment été le cas pour « Petit pays » dont j'avais entendu beaucoup d'éloges venant d'amis aux goûts littéraires tout à fait opposés. 

 

Alice Zeniter a publié L'art de perdre aux éditions Flammarion.

Publié dans Goncourt des lycéens

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Olivier Guez et le Goncourt des lycéens

Publié le par Hélène

Comment avez-vous vécu les rencontres avec les lycéens ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

J’ai vécu ces rencontres avec intérêt et curiosité. Il est rare de rencontrer autant de lecteurs en une seule fois, qui plus est des adolescents. C’est un autre public, plus direct, plus spontané. Avant les rencontres, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, je n’ai pas d’adolescents dans mon entourage. Dix jours plus tard, j’ai trouvé ces rencontres très réconfortantes : c’est magnifique de voir des ados se passionner pour la lecture ! En somme, j’ai vécu une magnifique expérience.

Qu’avez-vous pensé de leurs questions ? Y a-t-il eu des questions surprenantes ? Lesquelles ?

Ils étaient bien préparés. Souvent leurs questions ne diffèrent guère de celles des journalistes. Rien ne m’a vraiment surpris : du travail de pros !

Quel lycéen étiez-vous ? Lisiez-vous ? Quels auteurs ?

Je m’ennuyais au lycée parce que j’ai suivi une filière scientifique alors que j’étais déjà passionné par la littérature et l’histoire. Les cours de biologie et de mathématiques étaient une souffrance ! J’ai toujours beaucoup lu, depuis ma petite enfance. L’une de mes plus grandes joies, enfant, était d’aller à la librairie avec ma mère. Au lycée, je lisais les grands auteurs russes, notamment Dostoievski, L’enfant de Jules Valles, Solal et Mangeclous d’Albert Cohen…

Auriez-vous aimé, adolescent, participer à ce type de jury littéraire ?

J’aurais adoré. J’imagine que c’est très excitant à 15, 16 ans de rencontrer des auteurs, de lire leur livre et d’élire le meilleur !

Lisez-vous les Goncourt des lycéens ?

Oui, bien sûr, ça m’est arrivé.

Lequel vous a particulièrement marqué ?

Le rapport de Brodeck, de Philippe Claudel, Charlotte de David Foenkinos, et Le testament français de Makine.

 

Olivier Guez a publié La disparition de Joseph Mengele chez Grasset

Voici son site internet http://www.olivierguez.com/

 

Publié dans Goncourt des lycéens

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Summer de Monica SABOLO

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

"Où sont les êtres que l'on a perdus ? Peut-être vivent-ils dans les limbes, ou à l'intérieur de nous. Ils continuent de se mouvoir à l'intérieur de nos corps, ils inspirent l'air que nous inspirons. Toutes les couches de leur passé sont là, des tuiles posées les unes sur les autres, et leur avenir est là aussi, enroulé sur lui-même, rose et doux comme l'oreille d'un nouveau-né."

Au bord du lac Léman, Summer et son frère cadet grandissent dans un milieu privilégié. Si Summer rayonne et illumine son entourage, son frère est plus taciturne. Mais un beau jour, après un pique-nique au bord du lac, la jeune femme disparait mystérieusement, laissant sa famille désemparée.

"Les gens disparaissent de nos vies, c'est ainsi que cela se passe. Certains sont là pour toujours, d'autres, généralement ceux que vous aimez le plus, se volatilisent les uns après les autres, sans explication, ils sont là ensuite ils ne le sont plus, et le monde poursuit sa route, indifférent, à la façon d'un organisme primaire constitué d'eau et de vide se propulsant dans un espace également constitué d'eau et de vide, ou d'un coeur aveugle, translucide, entièrement dédié à sa pulsation." p. 185

Vingt-quatre ans plus tard, cette disparition demeure toujours aussi nébuleuse, hantant Benjamin qui décide de se pencher à nouveau sur les tréfonds de son âme et de son passé. Des brides de souvenirs affluent, mais leur signification reste vague et décousue. Pourra-t-il trouver des réponses à ses questions ?

Monica Sabolo nous plonge dans les limbes fantasmagoriques de l'âme torturée de ce jeune homme démuni devant la disparition de sa soeur. Elle analyse avec profondeur et poésie les scories laissées par l'adolescence et les rapports familiaux, les sacrifices des uns et des autres pour garder la face et ne pas fissurer une image trop lisse. Les réveils seront brutaux...

 

Présentation de l'éditeur : JC Lattès

D'autres avis : Télérama ; L'express , Jostein ; Leiloona ;

 

Summer, Monica Sabolo, JC Lattès, août 2017, 320 p., 19 euros

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Rencontre avec Claudie Gallay

Publié le par Hélène

Jeudi dernier avait lieu une rencontre avec Claudie Gallay initiée par Aliette Armel dans le cadre du Livre forum

Claudie Gallay a évoqué son dernier roman La beauté des jours 

Aller au bout de soi et de ses décisions

Voici la leçon de Marina Abramovic dont je parle dans ce roman. Elle parle de ses passions avec son corps. J'ai découvert cette artiste grâce à un article dans Télérama, et je suis "tombée en amour". Marina a vécu 17 ans de passion avec Ulay, même pour se séparer, ils se sont mis en danger. Comment une artiste en danger fascine-t-elle quelqu'un qui est du côté de la sécurité ? Jeanne n'est pas du tout dans l'audace, elle est dans la prudence retenue. Marina est un miroir de ce qu'elle aimerait être ou faire.

Marina n'a pas choisi sa façon de vivre, elle s'est appuyée sur son enfance, sur ses parents autoritaires, elle voulait prouver qu'elle était capable de réussir. Et elle réussit. Il y a un an dans un entretien, alors qu'elle était au summum de son art, elle a dit qu'elle donnerait beaucoup pour se lever le matin, être là avec quelqu'un, boire un café, lire le journal et juste parler de ce qu'on va faire aujourd'hui. Elle rêve d'un quotidien banal en somme. Et Jeanne a cela, cette monotonie, ce quotidien réglé.

L'art fait résonner la vie

L'art contemporain est présent dans d'autres de mes romans, par exemple dans Seule Venise avec le peintre Zoran Music, l'auteur de peintures et gravures fascinantes. Il a connu l'expérience des camps de concentration.

J'ai écrit aussi sur Opalka dans Détails d'Opalka.

Ce sont des artistes partis de situations extrêmes qui ont eu besoin de les transmuer dans des oeuvres extrêmes. Dans mes romans, ils font écho avec des personnages  qui n'ont pas de rapport avec ces situations, mais trouvent quelqu'un qui leur parle et ils grandissent ainsi. Ils éprouvent le besoin d'approcher les artistes.

L'art fait résonner la vie, il embellit.

Jeanne a découvert Abramovic à l'école, elle qui n'est pas une intellectuelle a compris ce langage, ce langage de corps, de chair, de ressenti. Pendant 20 ans, elle ne l'a pas oublié, c'était toujours là. Vingt ans plus tard, un cadre tombe, la mémoire rend Marina. Jeanne est disponible à ce moment-là, il est temps pour elle de faire remonter à la surface ce qui est en elle.

Jeanne est née de ses manques

La ferme était aussi dans L'office des vivants. Jeanne est issue d'une famille de taiseux, ses parents sont paysans et Jeanne est issue de ce silence. C'est pour cela qu'elle a compris Abramovic, cela résonne en elle, tous ces manques. Elle est au mi-temps de sa vie et elle fait le point. Alors quelqu'un surgit.

Dans mes romans souvent, quelqu'un surgit, quelqu'un qui va tout mettre en déséquilibre. C'est important de se faire bousculer. Martin est un amour d'adolescente laissé en suspens. Que se passe-t-il quand vingt ans plus tard on recommence ? Peut-on retrouver l'émotion de l'adolescence ?

Jeanne n'est pas une intellectuelle, elle ressent les choses. Elle a envie d'aimer. Rémi, son mari, voit tout, sait tout, mais il l'aime intangiblement. Martin est celui qui fait battre son coeur et emmène ses battements de coeur de l'autre côté de l'océan. Il est celui qui lui parle de Giono, il est celui qui éveille la curiosité de Jeanne. Il la réveille en tant que femme.

De la difficulté d'écrire une lettre d'intention

Au début, j'écris beaucoup, pour arriver ensuite à cerner, au début le texte faisait trois fois le volume du texte. Après, comme un sculpteur qui enlève petit à petit, j'épure. Comme Giacometti, pour arriver à des personnages filiformes. Le travail final demande de retirer ce qui est inutile, pour que ne reste que ce qui est essentiel. Au début l'écriture importe peu, ce qui est essentiel ce sont les personnages et l'histoire.

A la fin je lis aussi l'histoire à haute voix pour encore épurer, tailler.

Je commence à vraiment comprendre mon roman maintenant, quand j'en parle en librairie. Mon éditeur m'avait demandé d'accompagner mon texte d'une lettre d'intention, mais j'ai été désemparée, j'ai été incapable de l'écrire. Maintenant je pourrais le faire. J'ai besoin d'un temps de pause, je comprends mes livres une fois que j'en ai parlé.

Aujourd'hui ma lettre d'intention serait : "Montrer comment l'art peut sauver, aider, traverser, émerveiller quelqu'un qui a une vie toute simple. Comment deux mondes si différents peuvent s'entrechoquer."

L'art permet de revenir sur la beauté qui est, montre les choses qui sont là.

 

 

Mes livres ce n'est rien d'autre que la vie

Mon intention première était d'écrire sur Marina parce que j'avais ressenti une grande émotion que je voulais partager. Mais je me suis rendue compte que ce partage n'était pas utile. Jeanne est née ensuite. Jeanne n'existe pas dans la vraie vie, mais elle existe aussi.

Jeanne a mis en sourdine ses passions pendant vingt ans et soudain, cela ressurgit et éclate. Marina a permis à Jeanne d'oser, elle ose prendre une décision, elle va dire non pour retrouver une fidélité à elle-même. Elle  pense que le ciel va lui tomber sur la tête parce qu'elle a osé faire quelque chose seule, mais non. Elle reprend sa vie en mains.

Accéder à la pureté

Dans Détails d'Opalka, je parle de Tom Friedman qui a affiché une feuille blanche dans laquelle il avait placé toutes ses pensées, tout son ressenti. De même Marie-Hélène Lafon affirme dans "Traversée" vouloir aller vers la pureté. On veut arriver au silence. Il existait un livre avec juste des notes de bas de page, c'était au lecteur de reconstituer l'histoire à partir des notes de bas de page. (Vengeance du traducteur de Brice Matthieussent chez POL ? )

Ce qui est beau dans l'écriture c'est que l'on peut retravailler à l'infini, pas comme l'oral. L'écrit est au plus près de ce que l'on ressent.

Des paysages qui nous habitent

Les déferlantes est né de la Hague, il est né d'un paysage, qui est un personnage à part entière. Je me souviens d'un jour passé à Auderville en octobre, il y avait de la brume. J eme souveins être là-bas dans une atmosphère brumeuse avec ce phare qui pulsait. Un vieil homme sortait de chez lui, il s'éloignait le long de la rue. Théo, le gardien de phare est né comme cela. Le poème de Prévert m'a aussi inspiré :

Des oiseaux par milliers volent vers les feux
Par milliers ils tombent par milliers ils se cognent
Par milliers aveuglés par milliers assommés
Par milliers ils meurent.

Le gardien ne peut supporter des choses pareilles
Les oiseaux il les aime trop
Alors il dit tant pis je m’en fous
Et il éteint tout

Au loin un cargo fait naufrage
Un cargo venant des îles
Un cargo chargé d’oiseaux
Des milliers d’oiseaux des îles
Des milliers d’oiseaux noyés.

Mon roman est né d'un endroit à nul autre pareil, un endroit incroyable.

 

D'autres avis : Aliette Armel

D'autres titres de l'auteur : Les déferlantes  ♥ ♥  ; L'amour est une île  ♥ ; Une part du ciel  ♥ ♥  ♥ ; Dans l'or du temps ♥ ♥  ; Seule Venise ♥ ♥ ♥ ; La beauté des jours ♥ ♥  

 

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