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Plein gris de Marion BRUNET

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Sur la mer d'Irlande se nouent des drames qu'alimentent les tempêtes. Cinq adolescents ont pris la mer, aguerris à la navigation.

Quand s'ouvre le roman le corps de l'un d'eux flotte à côté du bateau, puis git sur le bateau, désespérément mort, assommé. Que s'est-il passé ? Savamment, le lecteur remonte le fil de ces amitiés passionnées, de ces caractères exacerbés par l'adolescence, de ces jalousies incontrôlées, de ces prises de pouvoir soudaines et pernicieuses.

Les quatre survivants, en sus de cette tempête intérieure, doivent affronter une véritable tempête, les éléments se déchainant autour d'eux et malmenant leur frêle esquif. 

La construction au millimètre ajoute au suspens haletant des pauses qui nous immergent au cœur de ce groupe de jeunes, parfaitement sondé.

Un voyage en mer dont on ne ressort pas indemne...

 

Présentation de l'éditeur : PKJ

Du même auteur : L'été circulaire ♥ ♥ ♥ ♥ ; Sans foi ni loi ♥ ♥ ♥ ♥

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Printemps des poètes 2021

Publié le par Hélène

"Quelle profonde inquiétude, quel désir d’autre chose,
Autre chose qu’un pays, qu’un moment, qu’une vie,
Quel désir, peut-être d’autres états d’âme…"

S’exclamait Fernando Pessoa sous le masque d’Álvaro de Campos. En portugais aussi, le désir nous relie aux étoiles. Tout droit tombé des astres et des regrets latins : desiderare qui vient de sidus, sideris.
Comme un ciel étincelant d’absences. Une aimantation vitale. Un souhait ancestral, jamais élucidé, jamais rassasié, jamais exaucé.

Alors oui, après L’Ardeur, La Beauté et Le Courage, voici venu le Printemps du Désir.

Des longs désirs de Louise Labé aux désirs obstinés d’Olivier de Magny. Du désir de gloire des chansons de geste jusqu’au rude chemin des plus hauts désirs de René Daumal. De l’anéantissement, qui mène au rien du nirvana, jusqu’au désir sans fin d’Éros.

Depuis le grand désir du plaisir admirable de Pernette du Guillet jusqu’au fragile et subreptice désir de vivre d’Alejandra Pizarnik, en passant par l’amour réalisé du désir demeuré désir qu’est le poème pour René Char. De Philippe Desportes, qui entendait Avoir pour tout guide un désir téméraire, jusqu’au plus sentimental spleen d’Alain Souchon, qui nous a mis en tête refrains et souvenirs : Mon premier c’est Désir

Du Cantique des cantiques aux désirs éperdus de ce troisième millénaire menacé, tout reste à fleur de mots.

Et à oser ensemble, au plus intime de soi.

Sophie Nauleau

Publié dans Poésie française

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Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Kate est une avocate spécialisée dans les crimes à caractère sexuel. Quand elle accepte de défendre une jeune femme qui accuse de viol un notable, de surcroit ami du premier ministre anglais, elle sait qu'elle tient là une affaire qui pourrait faire sa réputation.

De l'autre côté du miroir, Sophie, la femme de James Whitehouse, l'homme accusé de viol, décide de soutenir son mari envers et contre tout, pour préserver sa famille. Mais pourra-t-elle réellement se persuader de l'innocence de son mari à partir du moment où le doute s'est instillé en elle ? A-t-elle fait les bons choix en renonçant à sa liberté pour devenir la femme d'un homme influent ? Parfois, lui reviennent des réminiscences des temps heureux de sa jeunesse, quand elle était libre, insouciante et qu'elle n'avait pas le poids d'une famille à porter, quand elle glissait sur la Tamise  :"la puissance remonte de ses pieds, parcourt le longe de ses jambes, de ses fessiers, de son dos et de ses bras ; son corps est calme, ancré à l'embarcation, invincible ; le bonheur jaillit en elle quand elle fend l'eau avec ses avirons, qui laissent des sillons à la surface."

La place des femmes est au cœur du roman : ces femmes qui disent non mais que des hommes ne veulent pas entendre, prouvant qu'il serait temps d'avancer vers une meilleure compréhension de ce que les femmes désirent vraiment. La peinture de la jeunesse dorée des milieux favorisés est aussi assez acerbe, l'impunité régnant dans ces hautes sphères, impunité qui se retrouve des années plus tard quand le pouvoir permet d'échapper au pire. Seuls les avocats et les journalistes chercheurs de vérité s'en sortent indemnes dans ce roman qui n'hésite pas à égratigner différents milieux...

Un roman prenant que vous ne lâcherez pas !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

 

Publié dans Roman policier Europe

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Une saison douce de Milena AGUS

Publié le par Hélène

♥ ♥

"Nous avions au moins une bonne raison de vivre : nous rendre utiles à ceux qui avaient eu encore moins de chance que nous."

Les habitants de Campidanese, un petit village de Sardaigne, voient leur quotidien bouleversé quand arrivent des migrants accompagnés d'humanitaires. Ils s'installent dans une maison vide, déçus de cette Europe dont on leur avait tant chanté les louanges. Pour les sardes, ce sont des envahisseurs. Mais un groupe de femmes se rapprochent d'eux sous l’œil désapprobateur du reste du village.

Ce que j'ai moins aimé :

Il m'a manqué une force, un souffle qui m'aurait réellement emportée. Les personnages sont nombreux, difficiles à différencier.

J'ai trouvé l'ensemble un petit peu léger derrière ses belles intentions.

 

Présentation de l'éditeur : Liana Levi

Du même auteur : Battements d’ailes ♥ ♥ ♥ ; Quand le requin dort ♥ ♥ ♥ ; Sens dessus dessous ♥ ♥ ♥ ♥ ; Terres promises ♥ ♥ ♥ ♥

Publié dans Littérature Europe

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Si c'est un homme de Primo LEVI

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Si c’est un homme est un récit autobiographique de Primo Lev, emprisonné dans le camp de concentration d’Auschwitz de 1943 à 1945. Chargé de rédiger un rapport technique sur le fonctionnement du camp, Primo Levi s’en servira pour écrire son propre récit, relatant les conditions inhumaines dans lesquelles les hommes sont emprisonnés. S'il décrit les difficultés physiques, la faim, la soif, le froid, les blessures, il met surtout l'accent sur les blessures morales, bien plus profondes. Les hommes perdent non seulement l'espoir, mais ils laissent aussi peu à peu leur humanité dériver loin d'eux.

« Nous avons voyagé jusqu’ici dans les wagons plombés, nous avons vu nos femmes et nos enfants partir pour le néant ; et nous, devenus esclaves, nous avons fait cent fois le parcours monotone de la bête au travail, morts à nous-mêmes avant de mourir à  la vie, anonymement. Nous ne reviendrons pas. Personne ne sortira d’ici qui pourrait porter au monde, avec le signe imprimé dans sa chair, la sinistre nouvelle de ce que l’homme, à Auschwitz, a pu faire d’un autre homme. » p 82

L’extermination ne signifie pas seulement la mort des hommes, mais aussi leur extermination morale : « Qu’on imagine maintenant un homme privé non seulement des êtres qu’il aime, mais de sa maison, de ses habitudes, de ses vêtements, de tout enfin, littéralement de tout ce qu’il possède : ce sera un homme vide, réduit à la souffrance et au besoin, dénué de tout discernement, oublieux de toute dignité : car il n’est pas rare, quand on a tout perdu, de se perdre soi-même ; ce sera un homme dont on pourra décider de la vie ou de la mort le cœur léger, sans aucune considération d’ordre humain, si ce n’est, tout au plus, le critère d’utilité. On comprendra alors le double sens du terme « camp d’extermination » et ce que nous entendons par l’expression « toucher le fond ». »

Malgré tout, des éclairs transparaissent, des hommes comme Alberto, Lorenzo, permettent de croire encore en l'homme et en sa bonté, le souvenir des jours heureux et des œuvres marquantes de l'humanité comme La divine Comédie, tout cela le rend quelquefois à lui-même, même si la marque de ces jours passés en enfer restera indélébile.

Si c'est un homme est un roman essentiel pour éclairer l'histoire tragique de notre XXème siècle.

 

Présentation de l'éditeur : Pocket

A lire également : Pour Primo Levi de Mario Rigoni Stern

Retrouvez ce roman dans votre librairie la plus proche

 

Publié dans Littérature Europe

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Un si beau diplôme de Scholastique MUKASONGA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

Scholastique Mukasonga revient en ces pages sur son parcours, et sur l'obtention de ce diplôme qui n'a pas été sans poser des problèmes, mais qui, paradoxalement, lui a sauvé la vie. Son père l'encourage en effet à travailler en vue d'obtenir le certificat pour devenir assistante sociale. Elle atteindra ainsi un niveau d'études qui devrait l'abstraire de cette catégorisation entre tutsi et hutu. Seulement trouver des postes s'avère difficile pour une tutsi, la jeune femme devra s'exiler au Burundi, à Djibouti puis en France.

"Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...) C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. "

Avec retenue et tact, elle évoque ainsi ce massacre qui a tué trente-sept membres de sa famille mais l'a épargnée, et ce parce qu'elle a suivi les conseils de son père et a fait des études qui l'ont éloignée de son pays en 1994. Des années après, elle revient sur les lieux du massacre, et ces moments, peut-être les plus beaux du roman, sont chargés en émotion.

Un beau témoignage très sensible.

 

Présentation de l'éditeur : Gallimard

Du même auteur : L'iguifou ♥ ♥ ♥ ♥ ; Notre-Dame du Nil ♥ ♥ 

Publié dans Littérature Afrique

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Les grands espaces de Catherine MEURISSE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥

L'auteure raconte ici son enfance passée à la campagne dans le Poitou, aux côtés de ses parents qui rénovaient une ruine tout en construisant autour un espace dédié à la nature, un endroit pur et serein dans lequel leurs deux fillettes ont pu s'épanouir. Elles musardent dans les alentours, s'adaptant à leur environnement et créant des bulles de bonheur hors du temps, bulles qui auront leur importance à l'heure de l'horreur, quand les attentats de Charlie Hebdo surgiront dans la vie de l'auteure des années plus tard.

La littérature est aussi au cœur de cet univers enchanté, notamment Proust :

"Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres..." Marcel Proust

 Un charme indéniable s'échappe de ces souvenirs heureux aux accents écologiques.

Mes réticences :

J'ai été un peu moins sensible aux dessins qu'à l'histoire.

 

Présentation de l'éditeur : Dargaud

Découvrez d'autres Bd chez Stephie

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Le meurtre de Roger Ackroyd d'Agatha CHRISTIE

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

Un soir, dans sa propriété de Fernly Park, Roger Ackroyd confie à son ami le Dr Sheppard que la veuve qu’il envisageait d’épouser s’est suicidée pour échapper à un chantage. Il lui livre même les raisons pour laquelle on la faisait chanter, et révèle l'existence d'une lettre qui donne le nom du ou de la coupable. Mais ce même soir, plus tard, Roger Ackroyd est retrouvé mort, poignardé et cetet mystérieuse lettre a disparu. Le Dc Sheppard raconte alors l'enquête menée par Hercule Poirot au sein de la demeure huppée.

Ce roman est connu pour sa pirouette narrative jamais égalée à mon sens, de celle qui vous laisse pantoise (à mettre dans cette catégorie peut-être aussi Shutter Island). On pourrait donc penser que l'avoir lu une fois gâche le plaisir, mais il s'agissait pour moi d'une relecture -ayant lu les oeuvres intégrales d'Agatha Christie quand j'étais ado- et pourtant, j'ai admiré la maitrise, la précision de chaque scène qui s'agence parfaitement à l'ensemble. La minutie avec laquelle Hercule Poirot, double de l'auteur, construit son enquête force l'admiration. Ce fut un plaisir de le relire !

 

Présentation de l'éditeur : Le livre de poche

Du même auteur : Meurtre en Mésopotamie ♥ ♥ ♥ (Policier) ;  L'homme au complet marron ♥ ♥ ♥ (Policier) ; Dix petits nègres ♥ ♥ ♥ ♥ (Policier) ; Le train de 16h50 ♥ ♥ ♥ ♥ (Policier)

Retrouvez ce roman dans votre librairie la plus proche 

 

Publié dans Roman policier Europe

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Barry Lindon de William THACKERAY

Publié le par Hélène

L'histoire s'inspire d'un personnage ayant réellement existé : l'aventurier irlandais Andrew Robinson Stoney. Au coeur du XVIIIème siècle, nous suivons les aventures de ce héros picaresque sans scrupules, prêt à tout pour bafouer ses pairs. Sa trajectoire commence en Irlande qu'il est contraint de fuir après un duel, persuadé que son adversaire est mort. Il s'engage alors dans l'armée anglaise et participe à la guerre de Sept ans avant d'être capturé par les troupes prussiennes qui lui confient une mission délicate...

Ce que j'ai moins aimé :

- Il est difficile de s'identifier ou d'aimer le personnage principal, opportuniste sans aucune morale.

Bilan :

J'ai fini par m'ennuyer ! Il parait que l'adaptation de Kubrick est bien meilleure, tournez vous plutôt de ce côté !

L'occasion de vous dire que cette année sera celle des 10 ans du mois anglais organisé par Titine, Lou  et Cryssilda et qu'elles ont donc décidé de transformer ce mois anglais en année anglaise.

Publié dans Littérature Europe

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Encabanée de Gabrielle FILTEAU-CHIBA

Publié le par Hélène

♥ ♥ ♥ ♥

"Ma cabane, quelques planches dans le bois. Un petit prisme rectangulaire. Une boîte de Pandore. Je n'ai jamais vu les choses aussi clairement. "

Anouk décide de se retirer de la société de consommation et de la société des hommes pour quelques temps. Elle choisit une cabane au Kamouraska, inspirée par Anne Hébert et son roman, et passe l'hiver là-bas, racontant ses journées dans son carnet de bord. Elle apprend peu à peu à se retrouver seule face à elle-même, et seule face à la nature. Elle écoute les coyotes qui rôdent, essaie de s'adapter à la neige qui tombe abruptement durant ce rude hiver, surveille son poêle, établit des listes :

"Liste n° 120
Choses que j'aimerais conserver en pots:
- Le chant des baleines à bosses
- L'odeur de la croustade aux pommes
- Des lucioles immortelles pour nos noces
- L'odeur de nos draps après cette nuit
- Une mèche de tes cheveux
- La couleur de ce matin "

Elle finira même par rompre sa solitude en accueillant dans sa cabane une âme perdue...

«  Les plus belles saisons de ma vie ont commencé ici, à créer en ce lieu un îlot propre à mes valeurs. Simplicité, autonomie, respect de la nature. le temps de méditer sur ce qui compte vraiment. le temps que la symphonie des prédateurs, la nuit, laisse place à l'émerveillement ».

L'auteure a elle-même vécu dans une cabane pendant trois ans, et elle s'est inspirée de cette expérience pour écrire. Elle raconte :

"Tout ce que je voulais c’était être maître de ma vie, être dans la nature, marcher pendant des heures, rencontrer des animaux et dessiner des flocons de neige. Ce désir de m’arracher au moule avait quelque chose d’enfantin, mais en fait, cela m’a permis de plonger dans ma propre vie d’adulte et de définir mon propre avenir, et cela passait par la nature et les arts." (entretien avec France Culture)

Militante pour la cause environnementale, elle entremêle savamment réflexions philosophiques sur la sagesse d'une vie loin d'une société souvent aliénante, et considérations écologistes pour sauver cette nature tellement régénératrice.

Une belle découverte !

 

Présentation de l'éditeur : Le mot et le reste

Sur le même thème : Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie ; Indian creek : un hiver au coeur des Rocheuses de Pete FROMM ; Solitudes australes de David Lefevre ; Une année à la campagne de Sue HUBBELL  ; Walden ou la vie dans les bois de Thoreau ; Thoreau : La vie sublime

Retrouvez ce livre dans votre librairie la plus proche

Lu grâce à l'opération Masse critique de Babélio

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